Ouvrez les oreilles et vous entendrez parfois de drôles d’idées, celle du destin. J'avais surpris deux personnes discutées de cela, d'avenir préprogrammé, des foutaises à mon avis. Si on se fiait à leurs dires, je n'étais pas dans l'hôpital simplement parce que ma fille s'était cassé le bras, mais par destin. Si tel est le cas, le destin était de la merde, mais ce n'est que mon avis personnel, je vous laisse le vôtre. C'était machinalement que je me rendais dans sa chambre, je finissais par connaître les lieux. Mes pas étaient plus machinal qu'autre chose, ne prenant même plus conscience du monde qui m'entourait, j'entendais bien quelques mots, me rendait compte de présence environnante, mais je ne serais dire s'ils s'agissaient d'homme ou de femme. J'avais l'impression que ma vie deviendrait de plus en plus compliquée, que bientôt je ne pourrais plus cacher ma véritable nature. Comment se concentrer sur autre chose dans ce cas? J'espère avoir tort, mais plus de personnes sont dans le secret et plus cela devient dangereux.

Vous le comprendrez, j'étais perdu dans mes pensées, tant de choses traversaient mon esprit. Il s'agissait de l'un de ses moments où le temps n'a plus d'importance. J'aurais pu rester dans cet état léthargique indéfiniment si on n’avait pas attiré mon attention. Je crois qu'il s'agissait d'une infirmière au premier regard, envoutante dans ses propos, on ne ressentait pas la douleur dans ses dires, ce qui rendait ses paroles énigmatiques, l'homme à qui elle parlait semblait dérouter par ses dires, c'était peut-être la cause, je n'avais pas tout les fait. Je vais tenter de vous rapporter le plus fidèlement possible ce qu'elle dit.

«Le mal à peut-être sa raison d'être, celle de nous rendre plus forts»

Elle était étrange, elle avait un sourire particulier, qui possède un sourire avec des mots aussi forts, pour reprendre la première discussion que j'avais attendue, c'était peut-être le destin. Je plaisante, je vous rassure, mais de tous les mots entendus, seuls ceux-là avaient attiré mon attention. Je ne pourrais pas méditer bien longtemps là-dessus, ma distraction me rattrapa, je ressentis tout d'abord un simple frôlement, une sensation de tissus sur la main avant l'impacte. Mon regard attiré vers l'étrange femme, je n'avais pas remarqué l'homme qui arrivait. Je crois qu'il avait essayé de m'éviter, mais c'était trop tard. Ma main glissa dans mes poches pour vérifier que mon portefeuille était toujours là, ce n'était pas un voleur et machinalement, je lançais quelques mots d'excuse.

«Désoler, j'étais distrait»

Un simple désolé aurait suffi, mais étrangement j'avais ajouté quelques mots, ce qui n'était pas mon habitude. Il était difficile de ne pas le remarquer, longs manteaux et des gants noirs. Étrange qui porte des gants de noir dans un hôpital? Je me demande s'il n'aurait pas eu un meurtre, un étranglement dans une chambre, isolée de tout regard. J'essayais de me remémorer toutes informations sur cette personne, simplement au cas où. Il était blond, il possédait une certaine finesse dans son visage, je ne l'oublierais pas, il n'est pas de ceux sur qui on ferme les yeux. Je pouvais me rendre compte qu'il était crispé, le contact n'était donc aucunement provoqué. Une simple seconde, je vous rassure son visage ne s'était pas figer dans une grimace explicite, mais suffisamment pour me rendre mal à l'aise de ma maladresse

Trop d'étrange, de bizarre et d'insolite. Il n'était jamais très agréable de se sentir marginalisé jusque dans le regard d'autrui. Les gens jugeaient si vite, et parfois, si mal. Un regard sur votre accoutrement, et immédiatement, ils pouvaient vous retourner un éclair de dédains à travers leurs yeux effarouchés. Baisser la tête et continuer son chemin … que faire d'autre ? Certes, ils avaient raison, du moins, en partie. Mais si je m'habillais ainsi, c'était essentiellement pour les protéger aussi, et ça, ils n'en savaient rien.

J'avais fini par me rendre compte. Un simplement frôlement à main nue et la cible se sentait mal, et moi, je ne saurais dire ce qui m'arrivait. Des pensées, des émotions, des images, et des simulacres de souvenirs qui n'étaient pas les miens. J'avais fini par trouver le lien logique, retraçant chacune de ses mauvaises expérience en les revivant à nouveau. La douleur d'une femme hydropique qu'il avait voulu aider dans la rue. Le désir d'une demoiselle à moitié ivre qui s'était jetée sur lui. La misère d'un pauvre homme sans abris qui lui avait pris la main pour le supplier. La perfidie d'un pick-poquet qui avait essayé de le détrousser. STOP. Il fallait arrêter d'y penser. Sinon, il était bon pour vivre une demi-heure de flash. Au moins.

Mais ce « STOP » avait aussi un autre sens. Il en avait assez. Il se sentait comme une sorte de gaz nocif. Affaiblir des gens sans raison lui était intolérable. Il y a quelques semaines, il était tombé, au cours d'une insomnie, sur un reportage louant les chercheurs qui, sans cesse, s'évertuaient à trouver des remèdes aux maladies orphelines. Le lendemain, il plongeait dans les cours de pharmacie de son père, lisait le Galien de A à Z et décidais de se lancer dans des recherches. S'il y avait des remèdes trouvable à des maladies orphelines, il devrait y avoir un remède pour lui. Échantillons, analyses, tests … Ce jour là, il savait que c'était génétique, avait découvert quelques propriétés du gènes, et avait bon espoir que son remède pourrait être utilisé pour quiconque présentant un génome modifié …

Mais son père, bien que joignable au téléphone, ne pouvait lui consacrer guère de temps (pour changer). Aussi fréquentait-il régulièrement un ami de la famille, médecin à l'hôpital, de surcroit généticien (ce qui l'arrangeait bien pour le coup). Impressionné par les connaissances d'Uriel (qui devait essentiellement tout à sa mémoire, pour une fois qu'elle lui rendait service …), il entreprit de l'aider.

Et ce jour là, il venait de mettre le jeune homme sur une piste prometteuse, si bien que, complètement perdu dans ses pensées qui n'étaient que biochimie et réactions, il ne vit pas l'homme sur son chemin à temps. Un bref regard lui apprit sa position tardive. Il se crispa, cherchant par tout moyens à l'esquiver, mais il le frôla. Hanté par le vieux souvenir de sa défunte mère, il imagina l'homme s’effondrer sur le sol. Il n'avait déjà pas l'air très bien, un visage un peu pâle, un air légèrement perdu. Il y avait une touche de vert dans ses yeux ambrés. C'était le profil type de l'homme à femme : cheveux court, bouche fine, menton simple mais présent. Bien qu'il semblait ne pas être dans son assiette aujourd'hui.

Il s'excusa, expliquant être distrait. Surprise. Quelqu'un qui ne s'offusque pas d'être bousculé ? Il avait l'air gentil. Et même si le cœur d'Uriel battait toujours à cent à l'heure et que son esprit était toujours persuadé du risque de mort imminente qu'encourait son interlocuteur, il fit l'effort de lui sourire très légèrement.

« Ce n'est rien monsieur, il en était de même pour moi … Je vous ait fait mal ? Vous me semblez un peu … pâle ... »

Uriel remarqua la présence de l'infirmière non loin. Au moins, s'il arrivait quelque chose à cet homme, un professionnel de santé pourrait intervenir rapidement. Quoi qu'aucun médecin n'avait réussit à sauver sa mère à lui … Il ne fallait pas y penser ! Sinon … c'était les larmes assurées. Merci, ô mémoire, quand tu nous fais vivre ainsi tant de fois, les douleurs des souvenirs de la vie à trépas !

Quel étrange garçon et je ne parle pas ici simplement de son accoutrement. L'une des premières choses qu'il fit fut de me demander si j'allais bien, croyant de m'avoir blessé. Une gentille intention, mais je crois que j'étais légèrement plus imposant que lui, cela aurait été mieux que ce soit moi qui lui demande. Ce n'était pas comme s'il m'avait frapper, d'accord un impacte déstabilisant, mais je n'étais pas tombé, je n'avais pas perdu conscience, ni rien qui ne s'y rapprochait. Peut-être était-il simplement trop attentionné, je me contentais de sourire devant cette délicate attention, c'est étrange comme cela me vieillit, j'avais l'impression d'être un vieillard à ses yeux. Puis il me surprit encore plus dans ses propos lorsqu'il me dit pâle. Étrange comme perception, surtout d'une personne qui semblait manquer cruellement de soleil, d'accord, j'habite Londres, je ne suis donc pas extrêmement bronzé, mais il me semble ne pas être si mal. C'était peut-être les lumières, il semble qu'elle donne toujours un léger teint pâle où bien il voulait dire que je ne semblais pas être dans mon assiette, mais j'avais diverses préoccupations en tête. Cependant, je décidais de lui faire une remarque sur sa gentillesse quasi étouffante, plus particulièrement sur le teint pâle.

«Je crois que tu dois l'être encore plus que moi»

Je sais, un peu familier, mais je n'ai pas été élevé dans le vouvoiement, en fait c'est peut-être plus parce que je détestais, je trouve que cela fait trop impersonnelle. J'utilise les formules de politesse lorsque je travaille, donner une contravention en étant trop familier, cela ne ce fait pas à mon avis. Suffisamment parler de moi, retournons à notre petit martien adoré. Martien? N'essayez pas de comprendre, moi je me comprends, c'est suffisant. J'ignore s'il prendrait mal mes mots, bien qu'ils ne furent pas prononcés dans le but de blesser, mais plus comme plaisanterie. Essayant de garder un ton enjoué pour qu'on puisse faire une différence entre plaisanterie et méchanceté, je continuais sur un autre point qu'il avait mentionné aux parts avant

«Lunatique pour une raison particulière?»

Il avait avoué avoir été lui même distrait, si quelques choses me préoccupaient, c'était peut-être aussi son cas. Quoiqu'il avait une autre possibilité, une personne. J'avais cru entrevoir un léger regard rapide vers l’infirmière, je dois avouer qu'elle était pas mal, peut-être un peu vieille pour lui, mais pas trop, elle pouvait l'intéresser et à son âge, une femme avec plus d'expérience, c'est toujours bien. Tiens, d'ailleurs, je me demande si elle n'était pas libre, elle pourrait m'expliquer l'origine de sa phrase et qui sais, plus si affinité ou plus sans me va quand même, disons que je ne suis pas à la recherche d'une histoire sur le long terme de ce temps-ci.