New World Order RPG
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~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée}

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Ambre S. Blake

Ambre S. Blake

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MessageSujet: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} Icon_minitimeLun 30 Mai - 17:55

informations centrales

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Nom : Blake
Prénom(s) : Ambre & Shana
Âge : 17 ans
Etudes : Lycéenne
Statut : ... Celib
Groupe : Powers
Célébrité : Emma Watson


Citation : I wanted to live deep to put to rout all that was not life and not when I had come to die discover that I had not lived. Carpe Diem


Dernière édition par Ambre S. Blake le Ven 3 Juin - 11:40, édité 8 fois
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Ambre S. Blake

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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} Icon_minitimeLun 30 Mai - 17:57

pouvoirs


~ Nom du pouvoir ~
Empathie

¤ Description du pouvoir ¤

Tout ce qui touche les sentiments peut passer sous mon contrôle. Il existe trois caractéristiques majeures de mon pouvoir :

Ressentir les émotions des autres : Il me suffit d'être dans la même pièce qu'un autre pour savoir son état d'esprit, au début seulement connaître s'il est en colère, triste ou heureux. Puis en me concentrant je peux connaître en partie la raison de ce sentiment, des flashs apparaissant dans mon esprit. Le problème avec ce pouvoir c'est quand ressentant ceux que les autres ont je me laisse souvent influencer, et il me faut maintenir une espèce de barrière pour ne pas être submergée par les émotions des autres. C'est d'autant plus dur lorsqu'elles sont fortes et qu'elles arrivent d'un coup sans que je sois préparée.

Faire ressentir ses émotion : Une autre facette de mon don, ou malédiction selon les jours. Je peux envoyer mes émotions vers un autre, là encore plus les sentiments seront violents plus les autres m'entourant les ressentiront, sans vraiment savoir d'où cela vient. Et puis ça peut être pratique lorsque les mots ne suffisent pas pour faire comprendre son émotion à quelqu'un.

Influencer les émotions de quelqu'un : Je peux changer votre état d'esprit en quelques secondes par ma propre volonté. Si quelqu'un est furieux je peux apaiser sa colère afin qu'il ne fasse pas de mal à un autre. Si un autre est triste je peux lui ôter son malheur et il serait de nouveau joyeux. Je sais qu'un jour je pourrais même vous faire croire que vous m'aimez, du moins m'appréciez, puisqu'en ma présence vous serez toujours heureux, selon mon souhait.


* Maitrise *

Discover (passé) : A ce stade-là il ne s'agissait que de ressentir les émotions des autres, je pouvais comprendre leur sentiments sans même qu'ils aient à le montrer. Je souffris de cela au tout début, incapable de me protéger des autres, me laissant submerger par des émotions qui n'étaient pas les miennes. Peu à peu je parvins à me contrôler, et même si je savais ce que ressentaient les autres, cela restait un bruit de fond, ne devenant réellement tangible que si je me focalisais dessus. Cependant je ne pouvais résister aux sentiments les plus forts, tels que la colère ou bien une tristesse violente, ou pourquoi pas même l'amour. Lorsque je touchais une personne je pouvais savoir la raison de son état d'esprit actuel, en voyant les images que cela évoquait dans son esprit. Puis peu à peu je remarquai autre chose : mes pensées influençaient les personnes les plus proches. Lorsque j'étais en colère elles devenaient en colère, comme si mes ressentis s'imprégnaient sur elles.

Experienced (présent) : A present, après mon second passage à la Drowsiness House, je contrôle beaucoup mieux mes émotions, ainsi il est plus aisé de se garder de celles des autres qui ne peuvent plus rejaillir sur moi aussi fort qu'avant, sauf lorsque c'est trop violent pour que je m'en protège. Je n'ai plus besoin de toucher une personne pour comprendre pourquoi elle a ce sentiment qui la ronge, il me suffit juste de me concentrer sur elle. Par contre il me faut toujours un contact physique pour envoyer mes émotions vers quelqu'un d'autre, sauf lors de sentiments intenses. Et puis il y a peu je me suis rendue compte d'autre chose : je peux contrôler les émotions des autres. Par contact je peux faire disparaître un sentiment pour le remplacer par un autre, sans être obligée de moi-même le ressentir. Cela peut être pratique pour se défendre : si quelqu'un me veut du mal il suffit que je le touche pour qu'il n'est plus aucune volonté belliqueuse mais qu'au contraire il devienne calme et heureux.

Master (futur) : Dans quelques années, après d'autres passages en maison de somnolence Ambre aura atteint le niveau le plus avancé de son don. Son pouvoir étant assez puissant pour qu'elle puisse se protéger de toutes les émotions des autres, ou au contraire mieux comprendre celle d'une personne, afin de l'utiliser pour ou contre elle. Sa capacité à influencer les sentiments des autres sera beaucoup plus perfectionnée, elle pourra ainsi rendre quelqu'un heureux ou triste seulement grâce à sa voix, même par téléphone cela pourrait marcher, mais avec bien moins d'assurance de réussite. Son contact pourrait vous mettre dans un état d'euphorie passagère si telle est sa volonté. Vous pourriez même croire que vous l'aimez si elle vous offre ce sentiment, car vous seriez toujours dans un étrange état de bien-être en sa présence.


& Drowsiness House &

La première fois que j'eus des troubles de sommeil ce fut après le divorce de mes parents, alors que j'avais à peine 10ans. Je ne pouvais plus fermer les yeux sans faire de nombreux cauchemars, dont je ne me rappelais pas toujours au réveil. J'avais presque peur de m'endormir, je ne voulais plus ressentir cette tristesse, cette horreur. Mes nuits ainsi amoindries je maigris rapidement, et m'endormais dans des endroits incongrus, à tous moments de la journée, me trouvant dans un état constant d'épuisement. Finalement mon père n'en put plus d'être réveillé au milieu de la nuit par des hurlements, exaspéré il tenta la solution que lui avait conseillé un collègue. Il m'emmena dans la Drowsiness house, à l'époque elle n'était pas encore très connue, mais on y avait eu de bons résultats et mon père pensait à juste titre que cela pouvait bien marcher. Et en effet, après ce passage à la maison de somnolence je retrouvais en quelques jours mon sommeil perdu. J'y retournai pour l'examen qu'il fallait refaire après deux mois. J'allai à présent beaucoup mieux et je recouvrais des forces, mais je remarquai aussi que j'avais souvent des migraines, que je devenais totalement lunatique, comme si j'avais un trop plein d'émotions toujours présent en moi. Je me rendis compte après quelque temps que quelque chose avait changé, j'étais capable de choses que je ne pouvais faire avant : j'avais un pouvoir.
Puis peu avant mes quinze ans mon sommeil commença doucement à disparaitre, mon don s'estompant dans le même temps. Ce processus fut totalement atteint lors de la mort de mon père. A ce moment-là je ne pouvais plus dormir, de nouveau atteinte de ses cauchemars et crises d'angoisse. Ce fut alors l'orphelinat qui prit en charge ma seconde visite à la Drowsiness House, qui devenait de plus en plus connue. Et là comme la première fois le miracle se reproduit, je retrouvais un sommeil réparateur, mais aussi mes capacités étranges. Se pouvait-il que les deux aient un lien ? Je m'en doutais de plus en plus.



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Ambre S. Blake

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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} Icon_minitimeLun 30 Mai - 17:57

description du personnage


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~ Psychologie/Caractère ~

« Je n'ai pas sale caractère : j'ai du caractère » Une phrase qui pourrait bien expliquer la manière d'être de la jeune femme, car elle ne cache nullement son désir d'être maîtresse de sa destinée et de garder son indépendance. Très jeune elle dû apprendre à se débrouiller seule, confrontée à la vraie vie à un âge moins avancé que d'autres. A présent elle utilise ces expériences parfois durement acquises, ce qui fait que certaine personnes la pensent plus âgée qu'elle ne l'est en réalité. On ne peut pas dire qu'elle se laisse facilement intimidée, au contraire, peut-être à cause d'un désir de reconnaissance Ambre ne se laisse jamais marcher sur les pieds, son sens de la répartie l'aidant beaucoup lors de joutes verbales. D'ailleurs elle est toujours franche, sa langue parfois acérée, pour elle le mensonge est exécrable, après tout c'est ce qui a détruit sa famille. Bien qu'elle sache contourner la vérité elle ne dira jamais un mensonge sciemment. Elle peut parfois paraître froide, insolente, voir même peut-être arrogante, mais cela est dû à l'obligation pour elle de garder une sorte de carapace pour la protéger des autres, du fait de son pouvoir. Pour se protéger elle tente toujours de contrôler au maximum ses propres émotions pour ne pas se laisser submergée.
La plupart du temps elle est pourtant assez ouverte, d'ailleurs dotée d'un sens de l'humour parfois redoutable, avec une répartie souvent bien sentie. De ce fait elle peut se lier avec beaucoup de personne, parler librement avec tout le monde, mais elle n'accorde sa confiance qu'à un nombre restreint de personnes. Pour celles-là elle pourrait risquer sa vie sans une hésitation. Son grand frère fait partie intégrante de ces gens-là, elle ferait tout ce qu'il lui demanderait, car un lien les unissait avant. Le tout étant de savoir s'il est toujours là.
C'est une personne très attachée à sa liberté, donnez lui un ordre qui ne lui plait pas et vous pourrez être sûr qu'elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour ne pas le réaliser.
Elle préfère éviter aussi les grands attroupements de personnes, car plus il y a de monde, plus il y a d'émotions et plus elle a du mal à s'en protéger.


¤ Morphologie ¤

Comment décrire le physique de cette jeune femme ? Aux premiers abords elle ressemble à n'importe quelle Anglaise lambda, une taille moyenne avec ses 1m68 de haut et sa corpulence, qui bine qu'un peu faible, reste dans la norme. Ambre est mince, mais n'a pas ce qu'on pourrait appeler des muscles secs, les siens sont plutôt fins et déliés, ce qui lui assure une silhouette longiligne. Il faut dire qu'elle ne sera jamais du style à rester assis devant la télé à longueur de temps en s'empiffrant de chips. Elle préfère être dehors, bouger, l'inaction n'est pas pour elle, c'est pourquoi on a toujours l'impression qu'elle est pleine d'énergie intérieure.

Elle est indéniablement une fille avec ses longues jambes et ses atouts féminins, mais rien en excès, vous ne risquez certainement pas de tomber dans son décolleté. Sa peau est claire, voir souvent pâle, mais à Londres qui peut se vanter d'avoir un super bronzage ? Mais il y a quelque chose chez elle, qui attire votre regard une seconde quand elle entre dans la même pièce, une présence indéniablement. Elle a ce qu'on pourrait appeler du charisme et si elle savait en user elle pourrait devenir redoutable. Personnellement elle ne tentera jamais de faire plus que le strict minimum pour rester belle, jamais de passage durant des heures dans la salle de bain, pas plus de maquillage outrageant. De toute façon le naturel lui va déjà bien.

Son visage doit être l'élément le plus caractéristique de sa beauté, si on peut appeler ça de la beauté, disons plutôt qu'elle est mignonne sans aller plus loin. De longs cheveux, composés de diverses reflets allant du châtain foncé au blond doré selon l'éclairage, descendent jusqu'à la naissance de sa poitrine en lourdes boucles. Ils sont la plupart du temps lâches car elle aime bien les sentir caressant ses épaules. Ils encadrent un fin visage mélange parfait entre la candide innocence et un caractère provocateur. Deux grands yeux noisettes, s'assombrissant jusqu'à en devenir presque noirs lorsqu'elle est en colère ou triste, un nez fin sur lequel apparaissent quelques tâches de rousseur et une bouche fine peu maquillée complètent ce tableau. Que ce soit la couleur de sa chevelure ou celle de ses yeux elle les tient tous deux de sa mère, son père et son frère ayant eux de grands yeux bleus magnifiques. Son visage est souvent très expressif pour ceux qui la connaissent bien, elle ne cache pas souvent ses sentiments.


* Style vestimentaire *

La jeune fille ne fait pas toujours très attention à ce qu'elle porte, mais habituellement ses vêtements la mette en valeur puisque de toute façon avec sa morphologie tout lui sied. Après les habits qu'elle mettra dépendront de son humeur, du temps qu'il fait, de ce qu'elle doit faire dans la journée... Cela ne lui pose pas de problème d'être habillée en robe ou bien en jean et tee-shirt. Elle ne suit pas la mode, elle se contente de porte ce qui lui va, avec une préférence pour la simplicité. Sa garde-robe n'est pas remplie à rapport et ce pour plusieurs raisons : la première étant qu'elle n'est pas riche, donc pas de nouvelle tenue chaque jour, c'est impossible. La seconde est que le jeune femme n'est pas vraiment portée sur le shopping, donc hors de question pour elle de se casser la tête pendant des heures pour s'acheter un pantalon. Lorsqu'elle se maquille il s'agit toujours d'un maquillage léger et sans fioriture quant aux talons ils ne sont de sortis que pour de grandes occasions, c'est à dire quasiment jamais. Le mieux est d'être parfaitement à plat sur le sol, c'est plus pratique pour bien des choses. La plupart du temps vous la trouverez en pantalon simple accompagné d'un haut restant classe et de ballerines ou converses. Une petit détail que vous ne manquerez pas de remarquer : elle porte toujours autour du cou une longue chaine entre or et cuivre soutenant un médaillon serti d'une pierre d'ambre à l'intérieur duquel se trouve deux photos les représentant son frère et elle lorsqu'ils n'étaient encore que des enfants. Il s'agit d'un cadeau fait par son ainé pour son dixième anniversaire et qu'elle garde précieusement depuis ce jour.


& Maladie/allergie &

Ambre s'est déjà retrouvée deux fois à l'hôpital. La première lorsqu'elle n'avais que huit ans. Elle était tombé d'un arbre en s'éraflant la jambe et se tordant la cheville. Ses parents inquiets l'avait immédiatement emmenée dans le centre de soin le plus proche pour être certains qu'elle n'ait rien. Elle eut le droit à une radio et à l'attente très longue dans la salle d'attente, enfin un médecin pansa tout de même son tibia et lui posa une légère attelle, au final rien de bien grave.
La seconde fois lors de la mort de son père. Elle s'était retrouvée dans un rare état de choc que les médecins ne pouvaient pas vraiment expliquer car ils ne comprenaient pas ce qui s'était passé exactement. Personne ne le pouvait, même pas la première concernée, alors eux... Ils supposaient seulement que perdre son père de cette manière devait forcément créer un trauma, ils n'avaient pas totalement tort, mais pas entièrement raison non plus.
A part ces deux évènements majeurs il n'y eut pas de problème de santé majeur relevé. Bien sûr elle eut les blessures habituelles que peuvent se coltiner les enfants en jouant sans avoir conscience des risques encourus. Et encore même ça ce fut moins que les autres, elle ne s'amusait réellement qu'avec son frère, sinon elle restait dans son coin au calme. Elle fut aussi épargner des maladies qui pouvaient toucher un grand nombre de ses petits camarades de classe, une chance sûrement.




Dernière édition par Ambre S. Blake le Mer 15 Juin - 15:40, édité 7 fois
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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} Icon_minitimeLun 30 Mai - 17:58

histoire


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Tant de personnes que l'on croise chaque jour, on ne retiendra pas la moitié de ces visages, juste des ombres qui nous frôlent, peut-être que certains nous marqueront, le temps d'un regard, mais ce ne sera qu'une frôlement fugace. La plupart d'entre eux ont une vie des plus banales, une enfance paisible, puis les études, et maintenant leur femme ou leur mari les attend quelque part et chacune de leur journée est un éternel recommencement. Sans qu'ils aient besoin de le dire à haute voix je sais qu'aucun d'entre eux n'est réellement heureux, l'homme ne se satisfait jamais de ce qu'il a, sinon ce ne serait pas l'homme. Peut-être que cette femme qui avance à grands pas voudrait tout plaquer pour refaire sa vie avec son amant, celui-là qui discute tranquillement avec un autre a toujours voulu être chanteur sans oser franchir le cap, et cet homme brun qui vient de faire tomber son chapeau attend certainement de rencontrer la femme parfaite. Peu importe leurs désirs, tout ce qu'ils veulent est que leur routine soit brisée, qu'il y ait du changement dans leur vie, ils voudraient devenir les héros de leur propre histoire. Sauf que les héros ça n'existe pas. Ils veulent que leur petit train train quotidien soit transformé sans se rendre compte que cela pourrait tout aussi bien être pour le meilleur, que pour le pire. Moi je veux bien de leur vie banale, de leur enfance normale. S'ils préfèrent de l'action je leur laisse la mienne sans problème. Quand je disais qu'on est jamais content de ce qu'on a... Pourtant je ne crois pas être une petite enfant capricieuse et égoïste, je ne demande pas la lune, juste la simplicité que tout le monde rejette. Au moins avec ça on sait à quoi s'en tenir, il n'y a pas de surprise. Vous pensez que j'exagère ? Oui sûrement, c'est mon point de vue de toute façon, à vous de le suivre ou non, je ne vous demande pas de me comprendre et encore moins de compatir.


L'amour quoiqu'on en dise peut être le plus mauvais conseiller


Au début mon récit ressemble à tout ce qu'il y a de plus quelconque sur cette terre. C'est l'histoire d'un homme, ingénieur lambda dans le bâtiment, envoyé pour quelques jours sur un chantier à Londres. Mais ces quelques jours allaient changer son avenir, car dans cette métropole où on trouve tout il découvrit l'amour, le vrai. Ils étaient jeunes, ils avaient leurs vies devant eux, ils s'aimaient. On croit toujours qu'on est invincible quand on est deux et qu'on est encore remplient d'une innocente candeur, on pense alors que le monde nous appartient. La jeune femme qu'il séduisit venait de sortir d'une petite école de coiffure où elle avait appris le métier dans l'espoir un jour de créer son propre salon, lui était un ingénieur en tout début de carrière bien prometteur. Ils formaient donc un petit couple idéal aux yeux de leurs amis, et nul ne fut étonné lorsqu'ils annoncèrent leurs fiançailles. Cependant il existait bien une ombre sur ce bonheur, infime dans l'instant mais qui aurait dû alerter la promise. Le jeune homme, du nom de Damian, avait deux gros défauts. Tout le monde en a me direz-vous, mais laissez-moi finir. Il était incapable de voir une femme séduisante sans lui faire la cour, la charmer, et si cela ne suffisait pas il était aussi homme à jouer. Parier, manier les cartes, participer aux jeux de hasard étaient pour lui comme une drogue. Paige connaissait ses vices et lui avait fait comprendre qu'elle ne l'épouserait que s'il s'arrêtait. Bien sûr il promit, que pouvait-il faire d'autre ? Perdre la femme qu'il adorait ? Car oui, je pense qu'ils s'aimaient, réellement, sauf que ce n'était pas assez. L'amour est quelque chose de bien éphémère, alors que la passion du jeu... Mais nous n'en sommes pas encore là.

Je ne crois pas que cette promesse fut un mensonge, il devait vraiment le penser à ce moment là, persuadé que l'amour devait être plus fort que tout. Le mariage eut donc lieu, et pendant quelques temps rien ne vint perturber leur couple. Mais les années s'écoulèrent et l'homme ne put tenir son serment. Sans rien laisser paraître à sa femme il retourna aux salles de jeu, et même si elle s'en doutait peut-être elle préféra ne rien voir, se mentant dans sa grande naïveté. Et cela continua pendant quelques années. Puis comme n'importe quel couple de cette société ils eurent leur premier enfant qu'ils nommèrent Aaron. Peut-être qu'à la naissance de son fils Damian tenta de se ressaisir et d'abandonner son obsession, mais cela ne dura pas longtemps. Quant à Paige, trop heureuse d'avoir un enfant elle avait enfin une raison valable de ne pas voir les agissements de son mari. Tant que tous deux étaient tournés dans le même but : celui d'élever leur petit dans l'amour. Ce sentiment qu'ils avaient de plus en plus de mal à partager ils l'offraient à ce petit chérubin. Mais bientôt il ne fut plus possible à l'épouse de fermer les yeux : les comptes en banque parlaient d'eux-même. Le doute n'était plus possible, pourtant elle ne pouvait se résoudre à quitter cette homme pour qui elle avait toujours de l'attachement, elle lui demanda donc de nouveau de cesser cette folie. Contre toute attente il jura, c'est tellement facile de donner sa parole à n'importe qui pour n'importe quoi. Ses mots ne l'engageaient pas, ce n'étaient que des paroles prononcées. Il n'essayait même plus de stopper son addiction, il faisait juste plus attention. C'est à ce moment-là qu'ils eurent leur deuxième enfant, une fille, née au début de l'automne alors que les arbres se teintent de dégradés de rouge et orange. Paige décida de l'appeler Ambre, comme la couleur de l'automne, mais peut-être aussi par rapport à une ancienne légende slave associant l'ambre aux larmes pétrifiées des Dieux et disant qu'il symbolisait également le lien éternel du mariage. Peut-être aurait-elle vraiment souhaité que ce fût vrai. Comme si je pouvais représenter un talisman protégeant leur mariage... Car oui : je suis Ambre.




Un instant j'ai pu croire que cela durerait pour l'éternité


Je ne me rappelle plus exactement de ma prime jeunesse, ou juste des images éparses, sans suite logique, comme des photos que l'on regarderait après des années. Ma mère reporta tout son amour sur nous, sa réussite, son cadeau. D'ailleurs je ne me souviens pas avoir été malheureuse, bien au contraire. J'étais plus qu'entourée : des parents aimants, un frère toujours présent. Du plus loin que je me le remémore j'ai toujours été avec lui, je le suivais partout, il représentait mon modèle, mais plus encore mon protecteur. Nous étions toujours fourrés ensemble, impossible de nous voir l'un sans l'autre. Les enfants sont bien innocents et toujours très purs dans leur amour. Je me souviens d'un soir où je m'étais réveillée en sursaut après un cauchemar, j'avais peur, je pleurais. La seule chose qui me vint à l'idée fut d'aller dans la chambre de mon frère, en traversant le couloir silencieusement. Je pénétrai dans sa chambre jusqu'à son lit sans encombre. J'avais tellement l'habitude de venir ici que je savais où se trouvait chaque objet avec assez de précision pour ne pas buter dedans dans le noir. Je m'appuyai contre son lit et tendis la main pour lui secouer l'épaule et le réveiller. Ma petite voix s'élevant dans l'obscurité :


    « Je n'arrive pas à dormir. J'ai peur toute seule »


Il me regarda ensommeillé puis m'invita à venir avec lui et écarta la couverture pour me permettre de le rejoindre. Un sourire étira mon visage, car c'était exactement ce que je voulais. Je me hissai sur son lit et me glissai sous les draps chauds à côté de lui.


    « Bonne nuit grand frère. »


Notre mère fut inquiète le lendemain de ne pas me voir dans mon lit, mais surtout amusée lorsqu'elle me découvrit blottie dans celui de mon aîné. Il ne fut plus étonnant par la suite de me retrouver dans son lit, parfois même alors que je n'avais pas fait de cauchemars. C'est juste que j'aimais bien dormir avec lui, c'était réconfortant, il y avait quelqu'un qui me protégeait, alors nos parents ne s'inquiétaient même plus lorsque je n'étais pas présente dans mon lit au matin. Je n'ai pas d'autre souvenir marquant avant mon entrée en CP, une année importante pour un enfant, non ? Je n'eus aucun problème pour apprendre à lire et écrire, bien au contraire. J'étais tellement pressée de savoir. Chaque soir avant j'avais le droit à une lecture avant de dormir, soit de mes parents et de temps en temps de mon frère. Dès que je sus comment déchiffrer les mots et les phrases dans les romans je me retrouvai totalement passionnée. Il était rare de me voir sans un livre sous la main, ou dans le sac. Je me moquais d'avoir des relations avec l'extérieur, de toute façon j'avais mes livres. La plupart étaient de science fiction ou fantastique, j'adorais ça, pouvoir m'évader dans un autre monde, m'imaginer plein d'aventures. Peut-être un désir de fuir la réalité que je n'appréciais pas plus que ça. A l'école du fait de ma passion je n'avais pas d'amis, au contraire, les enfants n'aiment pas ceux qui sont différents. De plus je me révélais toujours être une bonne élève, ce qui pouvait aussi en agacer plus d'un. Et à la maison nous avions le droit aux disputes incessantes, je ne comprenais pas vraiment ce qui se passait, trop jeune pour voir ou cela menait. Tout ce que je savais était que mon frère était là, quoiqu'il arrive, toujours présent pour moi, et encore plus lors des accès de fureur de nos parents. C'était le seul en qui j'aurais pu avoir confiance les yeux fermés, je le suivais toujours partout et je savais au plus profond de moi qu'il serait toujours là, mon grand frère protecteur, un peu comme un héros pour moi. Il m'a toujours défendue envers et contre tous, et il voulait toujours me faire plaisir. Alors même si parfois certains de mes camarades de classe étaient désagréables ce n'était pas très grave, parce que je savais qu'il existait au moins une personne qui m'aimait, quoique je fasse.

Lorsque j'évoque mon enfance un souvenir marquant me revient : celui du Parc. J'étais encore jeune à l'époque, peut-être dans les alentours de 8ans. Nous y allions souvent avant, pour pique niquer assis dans l'herbe, Aaron et moi pouvions jouer et courir sur de grands espaces, tant que nous restions tout de même assez près de nos parents. Nous nous inventions tout un univers bien à nous comme tout enfant qui se respecte, et bien sûr nous étions les héros de grandes épopées. Il en faut tellement peu pour un enfant. Notre lubie du jour était de monter au sommet d'un des grands arbres du parc. Ce n'était pas la première fois que nous grimpions dans un arbre, mais là ça aurait pu mal se finir. En effet, je suivais mon frère, je l'aurais suivi n'importe où de toute façon puisque j'avais confiance en lui. J'essayais de rester juste derrière pour montrer que j'étais aussi douée que lui, par pure fierté enfantine, mais le problème était que nous ne faisions pas vraiment la même taille. Il était plus facile pour lui d'attraper les branches haut placées et pour réussir à me maintenir dans son sillage il me fallait parfois sauter. Et là ça arriva : je me mis debout sur la branche m'étirant de tout mon long pour pouvoir atteindre celle juste au dessus, mais ce faisant je sentis ma chaussure riper sur l'écorce et mon talon glissa vers l'arrière. Je poussai un cri en me sentant tomber et me rattrapai de justesse à l'aide de mes bras. Cependant je continuais à perdre l'équilibre lentement, incapable de me maintenir à la force des poignets. Mon grand frère accourut aussitôt et attrapa ma main, tentant de me rassurer. Un instant soulagée cette illusion ne dura pas : je sentis qu'il commençait à basculer avec moi, je pris peur en comprenant que nous allions tomber tous les deux, je ne voulais pas qu'il se fasse mal à cause de moi. Je dégageai alors mes doigts de son emprise et allai m'écrouler quelques mètres plus bas. Je sentais des élancements dans ma jambe droite, de une parce que je m'étais fait des égratignures en glissant le premier coup, de deux parce que je ne m'étais pas bien réceptionnée, m'écrasant sur le sol. Ce n'est pas très glorieux mais c'est la vérité. Nos parents arrivèrent en quatrième vitesse, et avant que nous ayons pu prononcer le moindre mot ma mère avait balancé une claque monumentale à Aaron, tandis que mon père me soulevait.


    « - Maman ! Ce n'est p...
    - Ambre tu te tais, on va à l'hôpital. Aaron tu aurais pu faire attention à ta sœur !
    - Mais...
    - Ambre ! »


Je ravalai alors les larmes qui menaçaient de couler, parce que ça aurait donné raison à notre mère. Ils nous entrainèrent tous deux dans la voiture, en engueulant mon ainé. Une fois assise à l'arrière, je me déplaçai pour aller à côté de lui et murmurer à son oreille :


    « Tu sais moi je sais que ce n'est pas ta faute. »


En définitive je pensai que c'était de la mienne. On s'amusait juste, et puis finalement je ne souffrais pas tant que ça. D'ailleurs on ne décela qu'une petite foulure et j'eus seulement des bandages pour mes blessures et pour ma cheville. Rien de bien important. Aujourd'hui j'ai encore une fine cicatrice le long de mon tibia. Juste un souvenir comme tant d'autres...

D'ailleurs quelque soit la période de mon enfance que je regarde il y a toujours Aaron. Je me rends compte aujourd'hui de tout le temps qu'il m'a sacrifié volontiers, alors que n'importe quels autres frères auraient laissé tomber leur petite sœur collante. Ce n'était pas son cas, bien au contraire.

Un autre moment se rappelle à ma mémoire lorsque j'y repense. Aaron m'avait annoncée tout fier qu'il avait l'intention de faire mon plat préféré : les lasagnes. C'était un an environ après la chute. J'avais été toute excitée et avait suivi ses faits et gestes avec des yeux fascinés. Je voyais mon frère s'empêtrer dans la sauce et le fromage, en mettant partout dans la cuisine, et moi morte de rire en le voyant tenter d'arranger le plat pour qu'il ressemble à ce que nous préparait maman. Et plus il faisait d'efforts et plus il s'emmêlait les pinceaux et plus je riais. Ma mère était alors arrivée et elle n'avait pas trouvé cela aussi marrant que moi, au début elle s'était même mise à crier en voyant sa cuisine ainsi saccagée. Mais j'étais venue vers elle un immense sourire candide sur les lèvres et annonçant joyeusement :


    « Aaron fait de la peinture quand il fait les lasagnes ! »


Elle m'avait regardée quelques secondes interloquée, mais devant cette petite frimousse elle ne put résister et éclata de rire avec nous. Au final nous l'aidâmes à ranger la cuisine et elle fit ce plat de tant convoité, en disant à Aaron qu'un jour elle lui apprendrait à les faire comme elle, ce dont il fut très fier. Pour moi c'était ces petits instants de bonheur qui formaient ma vie, et s'il y avait bien les disputes de mes parents je ne pouvais pas en comprendre l'importance, n'étant alors qu'une enfant naïve.

Peu de temps avant que tout ne bascule je fêtai mes dix ans. Une année importante dans la vie d'un enfant et de son entourage, c'est à ce moment-là qu'on lui dit : ça y est tu es un grand maintenant. Ce jour-là mon frère débarqua dans ma chambre tôt le matin, me réveillant ce faisant tant il avait hâte de me donner son cadeau. J'étais encore à moitié endormie quand j'ouvris le présent. Mes yeux s'écarquillèrent de surprise et de plaisir mêlés lorsque du papier tomba un lourd médaillon. Il pendait au bout d'une longue chaine or cuivrée et était serti en son centre d'une gemme d'ambre. Aaron avait toujours su que j'aimais bien les objets anciens ou le paraissant, une folie en plus à ajouter à mon compte. Il me fit alors remarquer que je pouvais l'ouvrir, ce que je fis immédiatement une fois que je l'eus vu. Un sourire éclaira mon visage lorsque je découvris qu'à l'intérieur étaient insérées deux photos, une le représentant, l'autre moi. Aucun de nous deux ne regardait l'appareil, une seconde de nos vies emprisonnée par une image, avec tous deux un fin sourire sur le visage, comme si nous nous apprêtions à faire quelque bêtise. Ce cadeau est le plus précieux de ma vie, et il représente la dernière chose qui me reste de mon ainé, de mon âme sœur. Car oui, ces années de joie, visibles sur ces photos, allaient prendre fin brutalement.




Même le rêve le plus doux peut prendre fin de la manière la plus violente


Je n'ai jamais compris ce qui se passa ce jour-là. Nos parents se disputaient comme d'habitude, peut-être en cassant un peu plus d'objets. Je n'entendais pas ce qu'ils se disaient, ne percevant que des cris. J'avais rejoint Aaron dans sa chambre, comme à chaque fois que nos parents s'engueulaient un peu trop violemment, comme si être avec lui pouvait me tenir à l'écart de tout ce qui pourrait arriver de mal. Soudain le silence se fit... Je tournai la tête vers la porte, curieuse, jamais cela ne s'arrêtait aussi brutalement d'habitude. Les secondes passèrent, puis les minutes, aucun de nous ne parlait, comme si on sentait qu'il allait se passer quelque chose d'important. J'entendis des allée-retours derrière la porte, mon père marchant à grand pas et ma mère le suivant de son pas plus léger. Je ne savais pas ce qu'elle disait mais j'aurais pu jurer qu'elle pleurait, elle était souvent en larme d'ailleurs ces derniers temps. Soudain le porte s'ouvrit violemment, claquant sur le mur, laissant apparaitre mon père furieux, tirant une grosse valise, ma mère derrière lui, lui tenant le bras s'y accrochant comme une désespérée.


    « Tu ne peux pas faire ça !
    -Oh si je peux, c'est toi qui a choisi Paige !
    -Non je t'en supplie, laisse-les, s'il te plait...
    -La ferme ! Ambre lève-toi, tout de suite ! »


Ma mère gémit et il se libéra d'un coup d'épaule en avançant vers moi. J'étais incapable d'esquisser le moindre geste, pétrifiée devant la rage de mon père, je ne comprenais rien à ce qui se déroulait devant mes yeux. Il attrapa mon poignet me soulevant de force en voyant mon immobilité. Il me tira vers l'extérieur alors que je restais tétanisée sur place. Je me retournai pour apercevoir ma mère avachie contre le mur et Aaron. Je tendis le bras vers lui, une supplication dans les yeux.


    « Aaron... ?
    -Ton frère ne vient pas avec nous. Allez, arrête de tirer »


Mon père me poussa vers la porte d'entrée et soudain je pris conscience d'une chose : il était en train de m'emmener loin de mon frère, celui qui était tout pour moi. Je fis volte face mais il me saisit par la taille, me retenant de force.


    « Maman !!! »


Ce cri s'était échappé de mes lèvres alors que je tendais les mains vers celle qui aurait dû réagir, qui aurait du m'aider. Mais elle se contenta de lever vers moi des yeux remplies d'une tristesse effroyable, vides de tout autre sentiment, alors qu'elle retenait mon frère. J'arrêtai alors de me débattre, encore plus effrayée par ce regard que par la colère de mon père. Je venais de saisir qu'elle m'avait abandonnée, qu'elle ne retiendrait pas mon géniteur. Ce fut avec cette pensée en tête que je me laissai entrainer jusqu'à la voiture, sans plus réussir à trouver la volonté de m'enfuir. Il referma la portière d'un claquement sonore, avant de balancer la valise dans le coffre et de venir s'asseoir sur le siège conducteur. J'aurais dû sortir,je le savais, mais mon corps était incapable de bouger ne serait-ce que d'un millimètre. Alors la voiture démarra, nous emmenant loin de tout ce que j'avais toujours connu, loin de cette maison, loin de ma mère et encore pire, loin de mon frère. Je posai mon front contre la vitre, mes larmes coulant silencieusement, alors que je n'arrivais même pas à comprendre l'ampleur de ce qu'il venait de se passer. Mes yeux se fermèrent doucement alors que nous roulions encore et que la nuit commençait à tomber.

Je fus réveillée quelques heures plus tard, alors qu'il faisait totalement nuit, par l'arrêt de la voiture. Mon père ouvrit la portière et me fit sortir un peu brutalement, je me laissai faire sans un mot et le suivis à l'intérieur du grand immeuble qui nous surplombait. Nous montâmes jusqu'au troisième étage et il l'ouvrit avec des clés qu'il sortit de sa poche comme par magie. Il me poussa à l'intérieur et me guida jusqu'à un pièce au fond où se trouvait un petit lit.


    « Maintenant nous habiterons ici, voici ta nouvelle chambre. »


Il ne dit prononça pas un mot de plus et quitta la pièce, laissant à l'entrée la valise. Je me laissai tomber sur le lit toujours fatiguée, avant de pleurer toutes les larmes de mon corps, jusqu'à ce que j'eusse l'impression que je ne pleurerai plus jamais de ma vie. Je me pelotonnai alors dans mon lit et m'endormis là, seule, sans un bonne nuit, sans une lumière. Je me réveillai en sursaut quelques minutes après, les joues maculées de larmes, la bouche ouverte en un cri muet. Je regardai autour de moi affolée, incapable de me souvenir du lieu où je me trouvais, je gémis de nouveau en me rappelant ce qu'il s'était passé. La porte s'ouvrit à la volée et mon père passa la tête par la porte.


    « Tais-toi ! Tu ne vas pas me casser les pieds comme ta mère compris ?! »


Je hochai rapidement la tête ayant de nouveau peur de mon père. Il repartit en laissant la porte ouverte et je me levai pour le suivre. Il était debout agité en train de parler au téléphone à grand renforts de gestes et de cris inutiles. Je ne comprenais pas trop bien ce qui se racontait là, pas des choses destinées à des oreilles d'enfant sûrement. Je décidai alors de retourner dans mon lit, bien que je n'eusse plus sommeil. Allongée là je restai des heures à fixer le plafond, sans savoir si je voulais pleurer, crier, taper, m'enfuir. Ma vie venait d'être bouleversée, et je n'arrivais pas à comprendre pourquoi. Je voulais juste que ce cauchemar s'arrête que je me réveille le lendemain matin pour me rendre compte que j'avais dormi auprès d'Aaron, que ce n'était qu'un mauvais rêve. Mais ce ne fut jamais le cas...




Je crois que je ne suis pas normale, parce que si je l'étais j'aurais une vie normale, non ?


Quelque jours plus tard mon père m'annonça qu'il m'avait placée dans le collège d'à côté, il était à dix minutes à pied, je pouvais bien me débrouiller pour y aller seule, selon ses propres paroles. Il était souvent absent, et j'eus bien assez tôt l'impression que je vivais seule dans cette maison. D'ailleurs j'avais l'impression d'être seule partout. Au collège j'étais première de la classe, mais n'avais aucun ami, tous les autres se connaissaient déjà entre eux, et moi je n'étais qu'une petite nouvelle qui débarquait d'on ne sait où. A la maison je me débrouillais pour me faire à manger, avec de nombreux ratés au début. J'appris rapidement à faire le ménage aussi, puisque mon père lorsqu'il était là ne semblait même pas se rendre compte dans quel lieu il vivait. Je remplaçai ainsi ma mère, alors que je n'étais qu'une collégienne. Mais au-delà de ça il y avait bien pire : la nuit. Je ne fermais plus l'œil, car dès que je sombrais dans le sommeil c'était pour faire de trop nombreux cauchemars, je me réveillais à chaque fois en sueur et en larmes, incapable de contrôler les battements désordonnés de mon cœur. A chaque fois je hurlais tentant de me libérer de ces visions d'horreur. Si mon père dormait à la maison il se levait et venait me mettre une claque magistrale pour avoir interrompu son repos. De toute façon ces baffes étaient devenues mon quotidien quand il était là. Dès que quelque chose le contrariait il me frappait, comme si c'eût pu le soulager. J'avais appris à craindre ses colères, à le fuir dans ces moments-là. Je commençais à être tout le temps fatiguée, je m'endormais en cours, à la maison, sur mon bureau ou bien une chaise. Mais même ces petites secondes de répit devenaient un enfer, et je ne voulais plus clore mes paupières car cela signifiait me retrouver enfermée dans un cauchemar sans fin. Le collège convoqua mon père pour lui faire remarquer que j'étais toujours épuisée et que je sommeillais en cours. Mon état de santé s'était aggravé avec cette fatigue constante, et j'étais à present presque maigre, mon visage d'une pâleur maladive. Mon père aussi était épuisé d'être sorti du lit chaque nuit par mes hurlements. Finalement la solution lui vient d'un de ses collègues qui lui parla de son passage en maison de somnolence qui l'avait aidé à recouvrer le sommeil. Puisque nous n'avions rien à perdre à essayer il décida de prendre rendez-vous dans cet endroit. Ce n'était pas immense, je fus emmenée dans une salle à part et l'on me fit avaler des cachets qui m'abrutir un peu, jusqu'à ce que je m'endormisse complètement sans plus savoir pourquoi. Je me réveillai quelques heures après sans avoir fait de cauchemar pour la première fois depuis longtemps. Nous repartîmes plus tard après que le médecin eût dit à mon père que je devrais repasser pour un examen deux mois plus tard, ce qui fut fait sans aucun incident. Mon sommeil était redevenu celui d'avant, je pouvais faire des nuits complètes sans plus me soucier de ces cauchemars. C'était plus que je ne pouvais le souhaiter, ce n'était pas le paradis, mais c'était déjà mieux, au moins je n'avais plus à me soucier de m'écrouler soudain n'importe où. Pourtant quelque chose d'autre se produisit : j'avais de plus en plus de migraines pendant la journée et je me révélai être très lunatique. Je pouvais être tout sourire un moment puis l'instant d'après être furieuse pour je ne sais quelle raison. J'avais le sentiment que mon esprit faisait le yoyo entre toutes les émotions qu'on puisse ressentir. Un jour je remarquai que je fixais amoureusement une jeune fille depuis quelques minutes déjà, avant de reprendre mes esprits. Je pris peur et m'éloignai de cette partie de la cour. J'avais eu la sensation que ce n'était pas moi qui voulait faire ça, comme si quelqu'un d'autre pensait à ma place. C'était extrêmement dérangeant, et ce genre de chose commença à se dérouler de plus en plus souvent. Je me mettais à pleurer pendant plusieurs minutes avant de me rendre compte que je n'étais pas triste réellement, je criai contre quelqu'un alors que je ne le connaissais même pas. Ces sautes d'humeur finirent de parfaire ma réputation de marginale. Au collège je n'étais certainement pas celle avec qui il fallait être vue. Un jour ce fut encore pire. Je me trouvais au beau milieu d'un cours, écoutant à moitié ce que racontait le professeur lorsque j'eus l'impression de me prendre une grande claque mentale. Je hoquetai en sentant soudain une tonne de sentiments m'envahir en même temps : j'étais en colère contre mes parents qui ne voulaient pas me laisser aller à cette fête, triste parce que mon chien était mort ce matin, inquiète parce qu'en ce moment mes notes chutaient de manière calamiteuse, heureuse, honteuse, effrayée,... C'était trop, je poussai un cri en tenant ma tête entre mes mains. Je m'écroulai de ma chaise en entendant la voix de mes camarades de classe et du professeur s'élever près de moi. Mais toujours en moi ce désordre de sentiments, sans que je ne sache plus ce qui m'appartenait et ce qui appartenait à d'autres.


    « STOOOOP !!!!!! »


Je serrais les poings en hurlant ce mot, puis soudain plus rien, le vide, sombre et reposant, si accueillant. Je perdis connaissance me laissant happer par ces ténèbres, ma tête cognant contre le dallage du sol.

J'entrouvris les yeux, aveuglée par une lumière blafarde au dessus de moi. J'étais à l'hôpital ? Je tournai un peu la tête, ce qui fit danser des étoiles devant mes yeux. Je dus attendre quelques instants afin que ma vue se réajuste et que je puisse voir la petite salle d'infirmerie du collège, mon père en pleine conversation avec la petite nurse. Je refermai les yeux sans plus prêter attention à eux, tentant de réfléchir à ce qu'il s'était produit. Je savais déjà qu'il y avait quelque chose de pas normal avec moi, depuis un moment en fait, mais jamais ça ne s'était passé de manière aussi violente, sans me laisser la moindre chance de me protéger. Je ne comprenais pas... Une main se posa sur mon épaule et je sursautai violemment, avant de me rendre compte qu'il s'agissait de mon père qui s'était approché.


    « Viens ma chérie, on va rentrer à la maison pour que tu puisses te reposer. Nous pensons qu'il s'agit de surmenage. »


Je ne répondis pas, trop occupée à montrer mon étonnement face à cette gentillesse : ça faisait si longtemps qu'il ne m'appelait plus ''ma chérie'', lorsque la soignante parla, me rappelant sa présence, je compris pourquoi il se comportait ainsi, pour la forme, le paraître. Je ne prononçais toujours pas un mot mais me levai et le suivis jusqu'à la voiture. Il me ramena à la maison et me laissa sur le palier de l'immeuble, partant quant à lui pour un autre lieu. Peu importe où, ce qui comptait était le fait qu'il n'en avait rien à faire que je me sois évanouie en cours ou non. Je remontai à l'appartement sans plus d'état d'âme, résignée.

Trois ans passèrent si semblables au premier jour, j'avais à présent 13ans et j'appris que mon père pouvait se montrer encore plus indifférent à ma présence. J'avais compris que chaque soir il partait jouer, misant la nuit ce qu'il gagnait le jour, et la plupart du temps pour perdre. Je mis donc un point d'honneur à récupérer tout billet qu'il laissait trainer dans l'appartement, sauvant ce qui pouvait être sauvé. Si je ne l'avais pas fait je ne sais pas où nous aurions trouvé de l'argent pour manger. Bien sûr lorsqu'il s'en rendait compte il rentrait dans une fureur noire, je tentais alors le maximum pour ne pas me retrouver face à lui dans ces moments-là. Je savais à quel point il pouvait frapper fort, les bleus parsemant mon corps en étaient la preuve. Mais le pire vraiment fut lorsqu'il commença à ramener des femmes chez nous. A chaque fois des différentes, qui gloussaient à qui mieux mieux à longueur de temps à me donner envie de les tuer. Bien sûr elles passaient le reste de la nuit ici, et le plus horrible dans tout ça c'est que j'avais un mal fou à me prévenir de ces émotions qui m'accaparaient chaque nuit qu'il en prenait une. C'était tout bonnement insupportable. Au bout de quelques semaines je décidai de fuir, une femme venait ? Qu'à cela ne tienne moi je partais. Il ne disait rien, ne me retenant pas, d'une part parce qu'il s'en moquait, d'autre part parce qu'il avait perdu son autorité de père à la seconde même où il avait arrêté de se comporter en tant que tel. Pour moi ce n'était qu'un homme exécrable qui vivait sous le même toit et que je devais supporter jusqu'à ma majorité. Un événement se produisit alors qui modifia de nouveau ma vie.




Parfois une soirée peut prendre plus d'importance que vous ne l'escomptiez


C'était un de ces soirs, où je me baladais dehors, ils n'étaient pas non plus si courant, mais une ou deux fois par semaine. Je faisais attention à ne pas trop m'éloigner des sources de lumière, d'ailleurs la plupart du temps je préférais rester assise devant notre immeuble, m'assoupissant là. Mais cette nuit j'étais un peu sur les nerfs, incapable de rester en place alors je marchais entre les grands bâtiments sans bruit, les yeux uniquement rivés vers le trottoir. Je ressentis soudain une joie malsaine et relevai brusquement les yeux, cette émotion en m'appartenait pas. Je m'arrêtai et regardai autour de moi, sans rien apercevoir dans la pénombre nocturne. Un rire retentit soudain à ma droite et je fis volte-face, voyant arriver deux mecs, un grand et noir de peau, l'autre plus petit et roux, qui ne devaient pas avoir plus de18 ans. Je grimaçai en ressentant leurs désirs, et reculai de quelques pas. Le rouquin s'adressa à moi un sourire à foutre les jetons étirant ses lèvres.


    « Et bien que fais-tu dehors petite ? »


Je me mordis la lèvre, très mauvaise idée d'être partie aussi loin de l'appartement, je continuai à marcher à reculons lentement.


    « Où vas-tu la belle, tu as perdu ta langue ? »


Le plus grand s'avança alors franchement, je n'attendis pas plus et pivotai sur mes talons prenant la poudre d'escampette. J'entendis un bruit de course derrière moi et gémis en comprenant qu'ils avaient décidé de me donner la chasse. Non mais quelle idiote, je vous jure ! Je courrais vite, je connaissais les environs, le problème c'est qu'eux aussi et j'avais beau tenter de les semer à travers le dédale de ruelles rien y fit : ils me collaient toujours et je commençai à m'essouffler. Mon seul souhait était qu'ils abandonnent avant moi, je ne tenais pas à savoir ce qu'ils voulaient avec précision. Soudain à un tournant je percutai violemment quelque chose. Non quelqu'un, vu le cri qui retentit. Nous nous rentrâmes dedans de plein fouet et je m'écroulai à terre sentant un autre poids s'ajoutant sur mon corps. Je restai allongée alors que l'autre personne tentait de se relever tant bien que mal, je me mordis les lèvres en remarquant que c'était aussi un garçon. Décidément c'était bien ma soirée. Une fois debout il chancela une seconde puis me regarda étonné, avant de lever les yeux vers ceux qui me poursuivaient et qui venaient d'arriver aussi dans la rue. Je bondis sur mes pieds et m'apprêtai à fuir encore lorsque le nouveau venu se saisit de ma main m'empêchant de partir, mais il ne me regardait pas, ses yeux braqués sur les deux autres. Il parla d'une voix froide et calme :

    « Franchement les gars vous êtes tombés bien bas, foutez-lui la paix.
    -Qu'est-ce que tu fous là Gabriel ?! Tu n'es pas avec tes petits amis ?! »


Le jeune homme fronça les sourcils et foudroya du regard le rouquin qui venait de parler. Moi j'aurais eu peur face à de tels yeux, d'ailleurs ils semblèrent hésiter aussi de l'autre côté. Le petit s'avança d'un pas mais le noir l'arrêta d'un geste de la main.

    « Laisse tomber, il sait se battre, et puis ses petits copains ne doivent pas être loin, ça ne vaut pas le coup.
    -... Ouais... On se retrouvera Gabriel et ce jour-là tu regretteras le nombre de fois ou tu nous a fait chier ! »


Pour toutes réponses mon sauveur lui offrit un sourire insolent et provocateur. Il y eut un instant de flottement puis les deux hommes s'éloignèrent sans un mot, juste avec un geste très évocateur de la main. Je me dégageai alors de son emprise en tirant d'un coup sec sur ma main. Il tourna vers moi ses yeux si sombres qu'ils en paraissaient noirs, comme ses cheveux.

    « Ce n'était pas très intelligent de te balader seule ici.
    -Ce n'était pas très aimable de m'écraser le poignet de cette manière. »


J'avais répondu du tact au tact, furieuse de m'être montrée aussi stupide, donc je reportai sur lui. Il resta une seconde interloqué comme s'il ne s'était pas attendu à ce que je lui réponde de cette manière.


    « Tu as le droit de dire merci.
    -En quel honneur ?
    -Je t'ai sauvée la vie !

    -Parce que tu crois qu'ils m'auraient tuée ?
    -Non mais tu n'aurais pas forcément apprécié pour autant.
    -... Merci. »


Ce n'était pas facile de reconnaître ses torts surtout que j'étais agacée de m'être laissée avoir de façon aussi peu glorieuse. De nouveau il écarquilla les yeux.

    « Quoi ?
    -Je pensais que tu répondrais quelque chose du genre : je n'avais pas besoin de toi.
    -... Pourquoi je dirais ça alors que j'avais besoin d'aide ?
    -Bein parce que c'est typiquement féminin.
    -Pardon ?! Et ça doit être typiquement masculin d'avoir des préjugés sur les femmes ?! »


Il éclata alors de rire, me laissant perplexe. J'attendis qu'il se calme avant de l'interroger du regard. Il avait toujours un immense sourire sur les lèvres lorsqu'il répondit :

    « Tu as vraiment un sale caractère. »


J'allais lui faire une réplique bien sentie lorsqu'il pose son doigt sur mes lèvres, m'intimant au silence.


    « Ce n'était pas une insulte... Je m'appelle Gabriel et toi ?
    -... Ambre.
    -Et tu vis où exactement ? Je ne t'ai jamais vu trainer dans les parages auparavant.
    -Pas loin, je me baladais c'est tout.
    -Au beau milieu de la nuit ?...
    -Comme toi!
    -Touché. »


Il souriait toujours alors que je préférais rester sur mes gardes. Je sentais qu'il n'avait aucune pensée belliqueuse, qu'il était seulement amusé, mais je ne désirais pas faire de nouveau une erreur par stupidité. Ainsi lorsqu'il me proposa de venir faire un tour avec lui pour rejoindre ses amis je déclinai son offre. Je ne connaissais pas ses ''amis'', d'ailleurs même lui je ne le connaissais pas. Je lui donnais comme excuse que je devais rentrer chez moi, avant qu'on ne se rende compte de mon absence. Bien sûr c'était une excuse bidon, jamais mon père n'aurait remarqué que je n'étais pas là sauf au petit matin lorsqu'il aurait voulu son petit-déjeuner, mais ça le jeune homme ne le savait pas. Il accepta tout simplement et m'accompagna une partie du trajet, avant que je ne le regarde d'un air entendu qui lui fit comprendre que je ne tenais pas à ce qu'il sache où je vivais exactement. Il partit avec juste un au revoir sans en demander plus, à quoi cela aurait-il servi de toute façon ? Moi qui pensait que des adieux auraient été plus justes...

Cependant quelques jours plus tard je le recroisai par un total hasard. J'étais partie faire les courses, mais je tombai nez à nez avec lui à la sortie du bus, de ce fait il recula pour me laisser sortir et resta là, sans monter, se contentant de me regarder.


    « Tu vas rater ton bus là.
    -Salut moi aussi ça me fait plaisir de te voir. Quoi de neuf ? »


Je restai un moment bouche bée et je compris au sourire qui s'étala sur son visage et au sentiment de satisfaction qui le gagna que c'était exactement ce qu'il avait voulu. Je levai les yeux au ciel et continuai à marcher faisant comme si je ne l'avais pas entendu. Il me rattrapa et marcha à côté de moi sans dire un mot. Nous continuâmes ainsi jusqu'à la grande surface et là je me retournai vers lui.


    « Tu vas me suivre encore longtemps ?
    -Cela dépend du temps que tu mettras à répondre à ma question. »


Je le regardais interloquée alors qu'il se retenait à grande peine de rire. Je fus gagné par son euphorie et un sourire apparut sur mes lèvres. Je haussai les épaules et rentrai dans le magasin, Gabriel sur mes talons. Il continua à me suivre dans tous les rayons où j'allais puis jusqu'à la caisse, attendant que je parle, c'était comme un duel muet et le premier qui parlerait aurait perdu. Une fois sortie je repris la direction pour aller à l'arrêt de bus lorsque je sentis sa main se poser sur mon épaule.


    « Tu ne veux pas qu'on aille se balader un peu plutôt ? »


Je me retournai et plantai mes yeux dans l'obscurité des siens. Il est vrai que je ne voulais pas rentrer maintenant, mon père était encore à la maison, d'ailleurs c'était pour cette raison que j'étais partie à ce moment. Par contre j'étais presque certaine que d'ici ce soir il aurait quitté les lieux en ne laissant même pas un mot derrière lui, de tout manière je savais parfaitement où il allait : au casino du coin. Je jetai un coup d'œil alentour il y avait pas mal de monde en ville cet après-midi, qu'est-ce que je pouvais bien risquer ? Je reportai mon attention sur lui et acquiesçai pour montrer mon assentiment. Nous marchâmes tranquillement tout en restant en des places où beaucoup de monde se croisait, comme si le jeune homme avait lu dans mes pensées. Au début nous n'échangeâmes que des banalités puis peu à peu la conversation s'étendit sur nos passés respectifs, comme si nous avions besoin de quelqu'un à qui nous confier. Je lui racontai alors ma jeunesse heureuse, mon frère que j'aimais plus que tout, puis la séparation brutale, et enfin ma vie d'aujourd'hui avec cet homme que je ne reconnaissais plus être mon père. Puis il me dit alors son histoire, dernier fils d'une famille nombreuse, une mère totalement sous l'emprise de l'alcool qui ne se rappelait plus la moitié du temps qu'elle avait des enfants, ces derniers qui se débrouillaient seuls, qui avaient appris ce qu'était la démerde du quotidien, des gosses de banlieue qui savaient comment se défendre et qui avaient leur fierté. Il me fit remarquer que nous n'étions pas si différents en fait. Moi je n'étais pas d'accord, ma vie restait plus facile que la sienne, je ne me demandais pas si le soir j'allais pouvoir manger ou si je devrais voler mon diner. Il me parla alors des deux garçons de l'autre soir, ils faisaient partie d'une autre bande, d'où le fait qu'ils n'étaient jamais d'accord entre eux. Chacun voulant rester maitre de la banlieue. Je trouvais ce genre de petites guerres si bêtes alors qu'ils auraient dû s'entraider, mais c'était certainement trop vieux pour qu'on puisse changer cela... Il m'annonça alors que puisqu'il avait pris ma défense la nuit dernière j'étais à présent considérée comme étant de son côté. Je protestais en faisant remarquer que je n'avais jamais rien demandé à personne, cependant je compris rapidement que ça ne tenait pas qu'à moi, ni qu'à lui. Si c'était la situation actuelle ils pouvaient me tomber dessus à tout moment pour se venger d'avoir dû partir l'autre soir. Mais dans quel monde vivions-nous ?! Ces abrutis m'avaient voulu du mal pour rien, et maintenant ils avaient une raison, tout aussi peu valable à mon avis, de vouloir m'attraper.


    « C'est pour ça que je voulais te revoir...
    -Pour m'annoncer les mauvaises nouvelles ? C'est bien généreux...
    -Non... Pour te faire remarquer que tu te bats comme une fillette.
    -Je ne me suis même pas battue !
    -Bien justement, si je t'avais voulue du mal tu aurais réussi à te dégager ?
    -Mais je me suis dégagée !
    , répondis-je indignée.
    -Non je t'ai lâchée, ce n'est pas pareil.
    -Bon allez vas-y dis ce que tu as à dire et arrête de tourner autour du pot.
    -Qu'est-ce que tu peux être susceptible !, pourtant en disant cela il restait d'un calme olympien.
    -C'est dans ma nature.
    -Je ne crois pas.
    , il plongea ses yeux dans les miens et je ne pus rien répliquer alors. Ecoute il faut que tu apprennes à te défendre tu es bien trop fragile. Alors voilà ce que je te propose, je t'enseigne l'art de survivre dans une banlieue de dingues, et toi tu arrêtes de prendre la mouche. Tu n'as rien à y perdre de toute façon ! Au moins tu te défouleras sur quelqu'un d'autre. »


Je saisis l'ironie sur la fin de sa phrase, alors qu'il tendait sa main vers moi. J'attendis une seconde, puis constatant que de toute façon il avait raison, ça ne me coutait rien et ce serait toujours plus intéressant que de ne rien faire en restant chez soi. Je plaquai mes doigts entre les sien, un petit sourire malicieux sur les lèvres, le reflet du sien lorsqu'il déclara :


    « Je te préviens ce ne sera pas de la rigolade.
    -Parfait, ces types ne me donnent pas envie de rire. »


Nous rentrâmes ensuite et cette fois je le laissai me suivre jusqu'au pied du bâtiment, nous verrions bien ce qu'il se passerait par la suite.





Dernière édition par Ambre S. Blake le Jeu 9 Juin - 13:55, édité 18 fois
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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} Icon_minitimeLun 30 Mai - 17:58



Un nouveau tournant de la vie qui forme une âme nouvelle


Je ne me doutais pas à quel point il avait dit la réalité et je l'appris pendant les deux années qui suivirent. Ce n'était pas de la rigolade, loin de là. Dès que j'étais de retour à la maison et que j'avais fini ce que j'avais à faire je le rejoignais et là ''l'entrainement'' commençait. Il me guidait dans la ville, m'apprenant comment me déplacer plus vite et plus efficacement, nous courrions souvent pendant des heures le soir jusqu'à ce que je le supplie de s'arrêter. Puis il m'enseignait les rudiments de différents arts du combat. Il ne s'agissait pas de combats nobles ou autres, mais c'était ce qu'on pouvait utiliser pour survivre en infligeant le maximum de dégâts à son adversaire. Parfois certains de ses compagnons venaient avec nous, ils aimaient bien me charrier parce que je n'étais vraiment pas aussi douée qu'eux qui pratiquaient tous quasiment depuis leur enfance. La plupart du temps je ressortais de là épuisée, mais curieusement bien dans ma peau. Nous étions ensemble et c'était ça le plus important, ne plus être seul. Je commençais à les comprendre même s'il continuait à se moquer de moi, mais bon, leur joie étant contagieuse je n'arrivais pas à me mettre vraiment en colère contre eux. Peu à peu je remarquai des améliorations, je parvenais à courir plus longtemps, j'étais devenue plus agile, et surtout au miracle je me prenais moins de coups lors des combats organisés dans la rue, je parvenais même à les rendre maintenant. Les moqueries s'étaient estompées face à ma détermination de réussir. En fait c'était devenu plus un jeu qu'autre chose, n'ayant jamais eu besoin de m'en servir en réalité. Je crois que ça n'avait toujours été plus un moyen de se défouler que de réellement vouloir être prêt à se battre ou autre. Bien que je m'entendisse de mieux en mieux avec eux je refusai catégoriquement de les rejoindre dans un quelconque vol. Je savais que c'était parfois nécessaire, mais je ne désirais pas être impliquée là dedans, ce que personne ne me reprochait, s'ils n'avaient pas eu à le faire ils ne l'auraient pas fait non plus.

Je me rappelle un fait marquant d'une fois où je me battais avec Gabriel. Bien sûr il était bien plus fort et bien plus rapide que moi, mais il prenait garde à retenir ses coups pour ne pas me blesser, il était le seul que je n'arrivais jamais à toucher, j'avais l'impression qu'il devinait mes mouvements avant même que je ne les pense. Alors que je reculai pour éviter son poing je sentis mon pieds glisser sur quelque chose par terre, ma jambe cogna contre celle du jeune homme alors que je basculais en arrière. Il tenta de me rattraper en se saisissant de ma main, mais le coup qu'il reçut dans le tibia, plus mon poids au bout de ses doigts finirent de lui faire perdre l'équilibre et au final nous nous retrouvâmes tous les deux étalés par terre. J'éclatai de rire après un petit cri de victoire en levant le poing, car même si ce n'était pas fait exprès je l'avais fait tombé pour la première fois. Ne pouvant résister il rit lui aussi, puis soudain sans même que j'eusse le temps de réagir il se pencha et posa un rapide baiser sur mes lèvres. Il se releva alors comme si de rien n'était et me tendit la main pour m'aider à me relever, ce que je fis sans même prêter attention à sa main tendue. Il la passa dans ses cheveux humides, nous étions tous trempés de sueur après ces efforts.


    « Il y aura une soirée samedi prochain.
    -Hum ? Tu sais que j'ai horreur de ça.
    -Ce serait seulement pour y aller quelques minutes, après nous irions nous balader, il y a un petit parc pas très loin.
    -Où ?
    -Je viendrai te chercher. »


Je lui jetai un léger regard et pu apercevoir le grand retour de son sourire de tombeur. Je levai les yeux au ciel sans lui répondre, mais je crois qu'il savait déjà que j'accepterais.

Et donc quelques nuits plus tard je le rejoignis en bas de l'immeuble, il était sur son scooter noir. Lorsque je me moquai de lui en constatant qu'il avait vraiment une affinité avec le noir, il se contenta de me tirer la langue pour toute réponse. Il me tendit le second casque sans un mot et je montai derrière lui. Dans une moindre mesure on pouvait dire que je lui faisais bien confiance à présent. Il y a un an j'aurais refusé catégoriquement de l'accompagner à un endroit que je ne connaissais pas où se trouvaient des personnes dont je ne savais pas plus. Le lieu était tout bêtement un de ces bâtiments vides en périphérie de la ville. A peine arrivés nous entendions la musique qui y passait et nous voyions les lumières éclairer la grande pièce. Je reconnus quelques visages, mais sans plus. Si je n'avais su que ce n'était que pour peu de temps je serais repartie illico en marche arrière. Quand il y avait trop de monde il était plus difficile de se prémunir des émotions, elles étaient alors trop nombreuses. Je fermai les yeux en attendant d'ériger ''mes barrières mentales'' afin de rester hermétique aux autres. Nous nous glissâmes dans la foule et je le suivis tant bien que mal. Il m'abandonna sur le bord de la piste en murmurant à mon oreille :


    « Je reviens, je dois juste parler à quelqu'un, après on part. »


Je hochai la tête sans déserrer les dents, m'adossant contre le mur une fois qu'il eût disparu de ma vue. Un mec vint me proposer un verre et vu son état pour lui il ne s'agissait pas de son premier, je refusai poliment, ignorant totalement ce qui pouvait se trouver dans ces gobelets. Mieux vaut s'abstenir dans de telles soirées, je me demandais ce que Gabriel pouvait bien avoir à y faire. Soudain quelque chose d'étrange se produisit. Je me sentis très légère, tout à fait ailleurs, comme si j'étais un peu pompette. Mais c'était plus que ça encore, une euphorie irrépressible s'empara de moi, je n'avais plus aucune fatigue, j'étais comme apaisée aussi, avec un sentiment que tout était totalement clair dans mon esprit. Je n'avais jamais été aussi bien de toute ma vie. Je pris alors conscience de deux choses : L'une cette émotion ne m'appartenait pas, l'autre il fallait que je sorte d'ici au plus vite. Depuis longtemps je n'avais plus été submergée ainsi par les sensations de quelqu'un d'autre, et si j'avais cru que ça n'arriverait plus, et bien j'avais eu tort. Je m'éloignai en chancelant du mur, tentant de repérer l'entrée à travers le voile qui tombait sur mon esprit. Quelqu'un essaya de m'attraper je me libérai d'un coup dans sa mâchoire, me débattant. Je voulais partir, laissez-moi donc. Je poussai un cri en essayant de fuir ce bonheur artificiel qui s'emparait de chaque parcelle de mon corps. Je n'avais rien pris, mais quelqu'un l'avait fait pour moi et je n'arrivais pas à me détacher de lui. A force de m'affoler je ne fis que baisser mes dernières barrières, même celles que je gardais constamment, et là ce fut le chaos. Presque tout le monde ici avait pris de l'alcool ou des drogues, voir les deux en même temps. J'avais l'impression que ma tête allait exploser, je tombai à genoux violemment, m'écorchant les jambes, luttant encore pour me dégager de celui ou ceux qui me tenaient. Je frappai dans le vide en essayant de me libérer, puis quelqu'un me souleva et je le repoussai de plus belle en criant. Je n'avais plus vraiment conscience de ce qui m'entourait, je voulait seulement être délivrée, pitié aidez-moi, ça fait trop mal. J'arrêtai de me débattre, mon corps s'affaissa dans les bras de celui qui me portait et je fermai les yeux pensant que j'allais mourir tant ma tête était douloureuse.

Alors que je sentais que nous nous éloignons de la source de mes maux je récupérais peu à peu mes esprit, mes émotions. Je n'avais plus vraiment conscience de ce qui m'entourait jusqu'à ce qu'on me balança de l'eau glacée dans la figure, là je recouvrai la totalité de ma conscience en sursaut. J'ouvris les yeux pour voir le visage inquiet de Gabriel penché au-dessus de moi. Il tenait dans sa main un verre et je devinai la source de l'eau sur mon visage, cependant je ne m'expliquais pas le magnifique bleu qui était en train de s'épanouir sur sa joue gauche. J'avais l'impression d'être dans un état un peu vaporeux, un arrière goût amère dans la gorge. Je me tournai de l'autre côté et vomis sur le béton extérieur. Je sentis des mains douces relever mes cheveux pour pas qu'ils ne me retombent dans la figure. Une personne me tendit une serviette et je l'attrapai sans un mot pour essuyer mon visage. Je tremblais légèrement, mais je me sentais déjà moins vaseuse.


    « Tu vas bien ? La voix de mon ami, douce et pleine d'inquiétude.
    -Purée on dirait qu'elle a trop bu ta copine !
    Inconnue celle-ci, je ne relevai même pas la tête pour savoir qui avait parlé.
    -La ferme. Cassez-vous »


Je sens ses bras qui me ramènent vers lui et je tourne lentement la tête pour ne pas perdre l'équilibre. Il me regarde de ses grands yeux soucieux, son visage exprimant pour lui son anxiété... Pour moi ? Dans d'autres circonstances cela aurait pu être touchant. Sa voix reste pourtant tout à fait calme lorsqu'il s'adresse à moi.


    « Que s'est-il passé ? Tu as vraiment bu quelque chose là bas ? »


Je sentais la désapprobation qu'il essayait de masquer. Pensait-il que j'étais assez stupide pour accepter un verre sans savoir ce qu'il y avait dedans ?! Bizarrement me mettre en colère contre lui m'aidait à retrouver mes esprits, parce que ce sentiment était réel, il était à moi. Si je me focalisais dessus je pourrais me protéger des autres. Je répliquai alors avec froideur :


    « Tu me prends pour une débile ?! »


Il ne sut que répondre, restant interloqué face à ma colère que j'avais consciencieusement attisée. Il ne s'attendait pas à ça, ce qui était logique puisque habituellement je ne me comportais pas de cette manière.


    « Désolé Gabriel, s'il te plait, partons, partons loin d'ici, tout de suite. Ramène-moi chez moi... »


Il eut l'air d'entendre la détresse dans ma voix car il ne discuta pas, il m'aida à me redresser et me soutint pour marcher, pour nous éloigner de la fête. J'avais à présent un mal de tête effroyable et j'avais aussi des difficultés à enchainer un pas après l'autre. Est-ce que les camés ressentaient ça après une dose ou bien c'était seulement le contrecoup de mes facultés ? Je l'ignorais et je n'étais pas sûre de vouloir le savoir. Je parvins tant bien que mal à m'asseoir derrière lui, puis il démarra et nous ramena dans notre quartier, s'arrêtant juste au pied de mon immeuble. Alors que je descendais en chancelant de sa moto il m'attrapa le bras, me retenant encore un peu. Je tournai les yeux vers lui.


    « Je ne comprends pas ce qu'il s'est passé, cela n'aurait pas dû se dérouler ainsi, je suis désolé.
    -Ce n'est pas ta faute, tu le sais bien. Je suis fatiguée, c'est moi qui suis désolée. »


Il se pencha pour m'embrasser et je relevai la tête vers lui. Son simple désir était si reposant sur ma peau. Il m'enlaça en même temps et j'aurais souhaité que le temps s'arrête. C'était si facile de rester ainsi pelotonnée dans ses bras sans avoir à me soucier de rien. Mais finalement arriva le moment où il me lâcha et recula d'un pas, nos mains se tenant toujours.


    « A demain Ambre... »


Il posa un baiser sur mon front puis fit volte-face et réenfourcha son scooter, m'adressant un clin d'œil avant de s'éloigner. Quant à moi je reculai jusqu'à ce que mon dos rencontre le mur et je m'y adossai tentant de retrouver mon souffle. Cela faisait longtemps que je n'avais pas été ainsi sans défense face aux émotions des autres, j'aurais dû m'attendre à ce qu'il se passe un truc du genre mais je n'y avais même pas pensé, c'était là mon erreur. De longues minutes s'écoulèrent, et je pus enfin tenir debout sans trembler, je décidai de rentrer alors, dans cet appartement vide, comme la plupart du temps, qui n'attendait que moi. Une fois rentrée j'allais m'asseoir sur mon lit, faisant jouer le médaillon entre mes doigts. Je ne l'ôtai quasiment jamais, il faisait partie de moi. Je baissai les yeux et l'ouvris, pour nous voir tous deux, deux enfants innocents et plein de joie dans les yeux. Des larmes amères et silencieuses coulèrent le long de mes joues. Mais où es-tu ? Est-ce que pour toi aussi c'est un enfer ? Je me rappelais le visage dévasté de ma mère, j'avais eu l'impression que ce n'était plus elle, qu'elle était brisée de l'intérieur, pourtant elle n'avais pas couru derrière nous, elle n'avait pas essayer de me récupérer de force... J'aurais aimé que mon grand frère arrive tout sourire et que je puisse me blottir dans ses bras comme autrefois, être protégée comme une enfant qui a peur du noir. J'aurais voulu savoir ce qu'il aurait pensé de mes choix s'il avait su, aurait-il été déçu ? Je refermai le pendentif d'un mouvement sec du poignet, puis me laissai tomber en arrière sur mon oreiller. J'avais toujours le sentiments d'être cette petite fille a qui on avait arraché sa famille. Avais-je réellement le droit de me plaindre alors que je côtoyais des personnes qui avaient des passés parfois plus sombres que le mien ? N'étais-je donc qu'une parfaite égoïste ? Je baissai les yeux vers l'ambre sertie, et mes larmes coulèrent de plus belle.


    « Aaron... Tu me manques... Tu me manques tellement. »


Je fermai les yeux remontant mes genoux contre ma poitrine et me laissai aller dans cette chambre déserte. Qui pouvait bien entendre les sanglots étouffés d'une adolescente dans ces lieux vides ? Je pleurais jusqu'à ce que mes yeux me brûlent, je pleurais jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de larme à verser, je pleurais jusqu'à m'endormir d'épuisement.




Lorsque les illusions se brisent, la vérité éclate, aussi tranchante qu'un poignard


Après cela rien ne changea, Gabriel ne revint jamais sur cet événement, ayant compris que je ne désirais pas m'étendre sur le sujet. Quelques mois plus tard quelque chose d'autre allait modifier mon regard sur les autres. Nous étions tranquillement assis par terre, devant l'entrée d'un des immeubles et nous jouions aux cartes, je ne sais plus exactement quel jeu. Comme d'habitude Kristen gagnait. Elle l'emportait toujours aux différents jeux, mais j'étais incapable de dire si c'était par chance ou parce qu'elle trichait, ne l'ayant jamais vu faire. Nous étions cinq, deux filles et trois garçons, le plus jeune étant Jeremy que j'avais rencontré depuis peu. Je relevai la tête en sentant une colère sourde et proche dirigée vers nous. Elle n'émanait d'aucun des quatre autres qui eux respiraient seulement l'amusement. Gabriel suivit mon regard en remarquant que j'avais cessé de jouer, une question sur le bout des lèvres. Mais il n'eut pas le temps de la poser, trois nouveaux venus arrivèrent, dont deux que je connaissais déjà : les deux hommes de la ruelle. Ils n'étaient pas là avec de bonnes intentions, je le sentais sans même avoir à m'approcher. A présent tout le monde avait cessé de jouer et nous les regardions calmement, nous étions plus nombreux, mais eux semblaient plus ''musclés''.


    « Que voulez-vous ? »


La voix de mon ami claqua dans le silence qui s'était installé et je ne pus m'empêcher de sursauter légèrement. Il se leva et s'avança vers eux de quelques pas.


    « Oh c'est bon on a rien fait, calme tes ardeurs petit. »


C'était celui que je ne connaissais pas qui venait de parler. Il était encore plus grand que le noir, atteignant certainement un bon mètre quatre-vingt-dix, sinon plus, une montagne de muscles. Un instant de confrontation se déroula entre les deux hommes, comme s'ils se jaugeaient du regard. Gabriel savait peut-être se battre avec brio mais j'étais prête à parier que l'autre aussi, et il avait l'avantage de la taille et du poids. Je me levai et me plaçai derrière Gabriel, posant une main sur son épaule. Il me jeta un coup d'œil et hocha la tête, il valait mieux qu'on parte, on était tout bonnement pas de taille. Les autres se levèrent et nous nous étions éloignés de quelques pas lorsque les trois hommes ricanèrent, le rouquin lançant :


    « Et bien Gabriel, tu es devenu un petit clébard peureux qui obéit aux sales chiennes la queue entre les jambes ? »


Mon ami fit volte face et bondit vers lui avant même que je n'eus pensé tendre la main pour le retenir. Un cri d'avertissement s'échappa de mes lèvres lorsque le second homme arriva derrière lui pour le ceinturer. J'eus alors peur, peur pour lui, je ne voulais pas qu'on lui fasse du mal. Non ! Soudain plus personne ne bougea, il y eut un instant de flottement, avant que l'homme ne relâche Gabriel qui revint vers nous en chancelant un peu, ils avaient tous un léger effroi dans les yeux. David le troisième garçon qui se trouvait avec nous et qui avait un peu près mon âge s'avança pour le soutenir, moi-même je me sentais étrangement faible, comme si j'allais tomber d'un instant à l'autre. De l'autre côté ils semblaient tous dans le même état étrange. Nous nous séparâmes sans un mot, puisque personne ne trouva quoi dire, ni quoi faire, ce qui me soulagea. Lorsque nous nous retrouvâmes quelques rues plus loin Gabriel marchait sur ses deux pieds comme s'il ne s'était rien passé. Je m'avançai à côté de lui pour lui demander :


    « Que s'est-il passé ?
    -... Je ne sais pas... Cela ressemblait presque à une baffe, j'ai eu l'impression qu'un mélange de peur et de fureur me submergeait, c'était horrible. Je ne savais même plus ce que je pensais... Qu'as-tu ? »


Je m'étais arrêtée et avait blêmi à ses mots. C'était exactement ce que j'avais ressenti, cette confusion entre peur pour lui, colère pour cette stupide situation. Et la manière dont il disait cela... C'était comme s'il avait ressenti mes émotions comme moi je ressentais toujours celles des autres. J'entendis Jeremy acquiesçai fermement, les autres le rejoignant, ils avaient tous ressenti la même vague de sentiments... Les miens. La tête m'en tournait à cette pensée. Est-ce que c'était moi qui avais fait ça ou bien s'étaient-ils tous retrouvés soudain avec un pouvoir similaire au mien ? Une petite voix me disait que ma première idée était la bonne. J'avais projeté sur eux les émotions qui m'avaient envahie. Je fis un petit mouvement de la main, indiquant qu'il n'y avait rien d'important et nous continuâmes à marcher en silence. Quelques minutes plus tard je trouvai un prétexte pour les laisser là et rentrer seule, j'avais besoin de réfléchir. Juste avant que je ne parte Gabriel me saisit par la taille, m'attirant vers lui, et m'embrassa. Cela arrivait souvent maintenant sans que nous n'allions non plus l'exposer à tout bout de champs. Au moment de me lâcher il murmura un je t'aime contre mes lèvres et je restai interdite, un doute affreux s'emparant de mon esprit, cependant je m'éloignai sans le dévoiler au jeune homme. J'eus beau cogiter sur le chemin du retour et une fois arrivée je ne trouvais aucune réponse à mes interrogations intérieures.

La semaine suivante ne se déroula pas exactement comme d'habitude, bien sûr je sortais me balader avec les autres, mais quelque chose avait changé, je n'arrivais tout bonnement pas à me détendre et à me comporter comme avant. Je me montrais plus froide, moins encline à rire avec eux, et le pire c'était avec lui. Mes doutes avaient pris le dessus sur tout et me rendaient la vie infernale. Il fallait que je sache. Un soir alors que nous étions devant mon immeuble et que j'étais seule avec lui je me jetai à l'eau.


    « Gabriel ?...
    -Mmm ?
    -Je... Enfin tu... Que ressens-tu pour moi exactement ? »


Ses yeux s'écarquillèrent de surprise et il me regarda quelques secondes sans répondre. Puis son habituel sourire réapparut sur son visage. Mon regard resta dur, lui faisant comprendre que je ne plaisantais nullement en lui demandant cela, il reprit un air moins rieur avant de parler :


    « Je ne sais pas vraiment... Quand je suis avec toi j'ai envie de te prendre dans mes bras, de te voir joyeuse...
    -Quand tu es avec moi ?
    -Mais bien sûr, quand tu es là j'ai un mal fou à détacher mes yeux de toi, je t'aime. »


Il s'avança tentant de m'enlacer, mais je reculai, hors d'atteinte. Son sourire avait à présent totalement disparu, et moi je me sentais au bord des larmes.


    « Seulement quand tu es avec moi ?
    -Ecoute je ne vois pas où tu veux en venir, oui quand...
    -Et quand je ne suis pas là Gabriel ?!
    -Heu, je... »


La confusion qui apparut sur ses traits me glaça le sang. Je commençais à voir la vérité et elle ne me plaisait pas, elle ne me plaisait même pas du tout. Je lui tournai le dos sans un mot et rentrai dans l'immeuble, je l'entendis me suivre, et il attrapa mon bras, me forçant à me retourner. Je ne pleurais pas encore mais presque, ma vue embuée par le voile sur mes yeux.


    « Je ne comprends pas... Je te dis que je t'aime et tu n'es pas heureuse...
    -Oui tu ne comprends pas ! Tu ne m'aimes que lorsque je suis là c'est ça ? Et quand tu es seul Gabriel ?! Est-ce que tu penses à moi de la même manière ?!! »


Je m'étais dégagée de son emprise et avait reculé de quelques pas, à présent les larmes coulant librement sur mes joues.


    « Mais qu'est-ce que j'ai fait nom de Dieu ?!
    -Toi rien...
    -Mais alors pourquoi est-ce que tu me fuis ?
    -Tu ne sais pas...
    -Explique-moi alors ! »


Il s'était approché alors que moi je continuais de reculer, le fuyant réellement.


    « Tu... Tu ne m'aimes pas Gabriel.
    -Mais si puisque je te le dis !
    -Non ! Non, tu ne comprends pas... C'est moi, c'est moi qui t'aime !
    -Et bien ne peut-on s'aimer tous les deux ?
    -Tu ne comprends rien ! Tu crois seulement que tu es amoureux de moi mais ce n'est pas le cas. Ce n'est pas toi qui veut me prendre dans tes bras, ce n'est pas toi qui veut m'embrasser ! C'est moi qui le veut ! »


Il restait silencieux à me regarder, comme si j'étais devenue folle, d'ailleurs je me demandai si ce n'était pas en partie le cas. Cette situation allait me faire perdre la raison. Pendant tout ce temps j'avais cru qu'il m'aimait vraiment, mais depuis ce qu'il s'était passé la semaine d'avant je comprenais. J'avais entraperçu la vérité, cette vérité qui fait si mal. Et maintenant je savais, ce qui avait été pendant des années n'était qu'un mensonge, un mensonge que je m'étais inventée. Je l'avais désiré si fort qu'il avait cru ressentir de l'amour pour moi, alors que c'était moi qui avait projeté mes sentiments sur lui. J'aurais voulu disparaître, je reculai encore jusqu'à cogner contre le mur, et lui s'avança jusqu'à me frôler. Puis il se pencha, sur le point de poser un baiser sur mes lèvres, mais je levai la main et posai mes doigts sur ses lèvres l'arrêtant dans son mouvement.


    « Non.
    -Laisse-moi t'embrasser.
    -C'est réellement ce que tu veux ? Non, attends... Ne répond pas sans réfléchir s'il te plait. Je veux que tu y penses bien, recule, vas dehors s'il le faut, et dans dix minutes tu me donneras ta réponse en toute franchise. »


Il hésita quelques secondes avant de rencontrer mes yeux, je ne sais pas ce qu'il y lut mais il fit volte-face pour franchir les portes de l'immeuble. Je me laissai glisser par terre sans cesser de pleurer, c'était tellement... Tellement.. Je posai ma tête sur mes genoux les entourant de mes bras. Pourquoi tout était-il si compliqué ?! J'aurais voulu donner des coups dans le béton, mais je savais que je n'y gagnerais qu'un mal physique épouvantable. Alors j'attendis, j'attendis encore, sans savoir combien de temps passait. J'étais sur le point de m'assoupir lorsque je sentis une main se poser sur mon épaule, je relevai la tête et mon regard croisa le sien, obscur.


    « Ambre, je...
    -Je sais.
    -Je ne sais pas ce qui cloche avec moi
    -Avec toi, rien. Avec moi par contre...
    -Je suis désolé.
    -Non c'est moi qui le suis, je t'aime tu sais ?
    -Oui... »


Je me relevai ignorant la main qu'il me tendait. Il ne fit pas un geste alors que je me dirigeais vers les escaliers, ce ne fut que lorsque je montai de quelques marches que sa voix retentit de nouveau.


    « Ambre...
    -Cela n'a plus d'importance. Bonne nuit Gabriel.
    -Mais.... Bonne nuit. »


Il fit demi-tour et je le suivis des yeux alors qu'il quittait le bâtiment, sans se retourner. Je continuai alors à monter, allai jusqu'à ma chambre et me laissai tomber sur le lit. Je ne pleurais plus, en fait je me sentais vidée de tout, sans plus aucune émotion, ni tristesse, ni joie, ni colère, ni calme, juste le néant. Il ne me fallut que quelques secondes pour sombrer dans les bras de Morphée.




Seule la mort pouvait apporter la délivrance... ?


Le lendemain je ne sortis pas de l'appartement, restant enfermée la majeure partie du temps dans ma chambre. Je ne voulais pas sortir, à quoi bon... Aller en cours ? Je m'étais faite remarquer par mon absence ces derniers temps, n'y allant que pour les cours qui m'intéressaient. Rejoindre les autres ? Et comment devais-je alors me comporter ? Est-ce que toutes ces relations que j'avais cru avoir n'étaient qu'illusions ? Je ne voulais même pas imaginer cette idée tant elle m'effrayait. En fait j'étais en colère... En colère contre moi pour ne pas m'en être rendue compte, en colère contre mon père qui ne remplissait pas son rôle, en colère contre mes camarades de classe tous aussi désagréables les uns que les autres, en colère contre tout en fait. Parce qu'être en colère me permettait de me libérer des autres émotions. Je me rendormis plusieurs fois, mais pas d'un sommeil léger, plutôt agité. La semaine qui suivit ressembla à cette journée, je ne sortais que rarement, préférant rester cloitrée chez moi, je ne croisais que mon père de temps en temps. Je me rendis compte alors de quelque chose, mon sommeil redevenait peu à peu agité, et dans le même temps j'avais l'impression que je sentais moins les sentiments des autres, cela n'était plus la même pression sur ma peau, comme atténuée. C'était une délivrance d'un certain côté, mais d'un autre je trouvais cela inquiétant, j'avais appris à vivre avec, je m'étais habituée à sentir toujours les émotions des autres, et là ça s'estompait, jusqu'à disparaître à certains moments. C'est un soir que tout bascula...

J'avais fait à manger, presque automatiquement c'était tellement habituel que je le fasse avant de sortir ou de m'enfermer dans ma chambre, j'avais aussi posé deux couverts, tout en sachant que nous ne mangerions pas ensemble, cela n'avait dû arriver que deux ou trois fois depuis toutes ces années, bientôt cinq ans. J'étais encore dans la cuisine lorsque j'entendis la porte s'ouvrir et un rire s'élever dans le vestibule, un rire de femme. Je fronçai les sourcils, il ne revenait jamais aussi tôt. Je quittai la table de travail pour me retrouver dans le salon/salle à manger, devant eux.


    « Oh mais c'est qui celle-là ? »


Elle avait parlé d'une voix légèrement enivrée, d'ailleurs rien qu'à leurs attitudes on voyait qu'ils avaient tous les deux un peu trop bu. Je la détaillai des pieds à la tête, une grande femme aux cheveux roux et aux yeux bleu-verts, avec une tenue qui ne laissait plus beaucoup de place à l'imagination et maquillée comme une voiture volée. Je crois bien que c'était l'un des pires cas qu'il avait jamais ramené à la maison. Normalement j'aurais dû me taire et disparaître, que ce soit en sortant ou en allant dans ma chambre, le problème c'était que j'étais en colère, furieuse depuis une semaine contre tout, et qu'elle me donnait là l'occasion inespérée de me défouler sur quelqu'un.


    « Celle-là c'est sa fille grosse dinde. »


J'avais parlé d'une voix méchante, provocatrice, un ton que je ne me connaissais même pas. Ils restèrent tous les deux interloqués en me fixant pendant une bonne minute. Je me demandais s'ils avaient encore assez d'esprit pour comprendre ce que je venais de dire. Mon père avança d'un pas menaçant et je ne bougeai pas, l'affrontant du regard.


    « Toi tu ferais mieux de...
    -Mais non laisse chéri, ce n'est qu'une gamine voyons. »


Elle avait posé une main manucurée sur son coude, alors que lui virait au rouge sous la montée de la rage. Parfait au moins je n'étais plus la seule en colère. Cette pensée me fit me sentir bien mieux que je ne l'avais escompté. J'en avais marre, marre que lui paraisse heureux alors que ma vie ne valait rien. Marre d'être seule alors que lui changeait de femme chaque soir. Marre de bosser comme si j'étais sa femme de ménage pendant qu'il se la coulait douce. Elle s'avança vers moi alors que je serrais les poings, pleine d'une fureur rentrée.


    « Voyons ma chérie...
    -Je ne suis pas votre chérie !
    -Et bien si tu préfères petite chieuse à toi de voir. Tu vas bien devoir m'accepter, tu n'as qu'à te dire que c'était comme si j'étais ta maman le temps d'une nuit.
    -La ferme ! N'essayez jamais de vous comparer à ma mère, elle au moins elle ne couche pas à droite à gauche !
    -Ambre tais-toi et monte dans ta chambre ! »



Je me retournai vers lui, les poings sur les hanches, alors qu'il me foudroyait du regard. J'éclatai de rire, un rire insolent, froid, qui me fit peur à moi-même.


    « Parce que tu crois que tu peux me donner des ordres ?!
    -Parfaitement, je suis ton père !
    -Quel père ?! Est-ce un père qui n'est jamais la ?! Un père qui ne sait jamais quand est l'anniversaire de sa fille ? Un père qui a séparé ses enfants ?! Ce n'est pas un père ça c'est un salaud, un abruti profond, un... »


Je ne pus en dire plus recevant la baffe de ma vie en pleine figure. Je m'écrasai contre la table, la faisant tomber avec moi, les assiettes et les verres se brisèrent au sol et je tombai sur les débris me coupant les bras. Je n'eus pas le temps de me redresser qu'un deuxième coup m'envoyait valser en arrière. Mon père s'était jeté sur moi, ivre de fureur et il me frappait sans s'arrêter. Je tentai de me protéger de mes bras, mais j'étais à terre et pas lui. Il s'arrêta une seconde de me battre et j'envoyai un coup de pied dans son tibia, le faisant chuter. Il tomba sur moi, m'étouffant de son poids. Mais bientôt il se redressait, m'écrasant toujours et je sentis de nouveau son poing sur mon visage, je tendis les bras devant mes yeux mais il continuait. Il semblait comme fou. Et alors j'eus peur, parce que s'il ne stoppait pas il allait me tuer. J'étais couverte de bleus, de coupures, saignais par différentes blessures, mais soudain tout cela n'avait plus d'importance devant la possibilité mortelle qui apparaissait devant moi. Je ne réfléchissais même plus, mon bras gauche se tendit en arrière et je sentis sous mes doigts un large morceau de verre. Je le saisis fermement, m'éraflant la paume au passage. Puis je l'abattis devant moi à l'aveuglette, ne voyant plus rien sous cette pluie de coups. Un liquide chaud et visqueux m'éclaboussa alors le visage et la poitrine et j'entendis trois hurlements lointains. Alors tout disparu, une terreur glaciale s'empara de moi, je ne pouvais plus respirer, mon sang s'écoulait par ma gorge. Je me noyais, mon corps devenait froid. A présent il n'y avait plus qu'un seul cri, et je ne prendrai conscience que plus tard que c'était le mien. Je m'époumonais alors que j'avais l'impression de mourir, je sentais la vie quitter mon corps, mais le pire dans tout ça, le pire c'est que je n'y pouvais rien, je mourais et ne pouvais rien faire pour changer ce constat. Et puis plus rien, je sentis un corps s'effondrer sur moi et les ténèbres s'emparèrent de mon esprit. Je sombrai avec reconnaissance dans cette accueillante torpeur.


Ce n'est que plus tard, lorsque je me réveillai à l'hôpital que j'appris ce qu'il s'était réellement passé. Lors de la lutte j'avais attrapé un morceau de verre et avait tranché la gorge de mon père avec, d'où le sang et l'impression de mourir que j'avais eu... La femme qu'il avait ramenée avait appelé les secours en criant au meurtre, de toute façon quand ils arrivèrent il était déjà bien trop tard pour le sauver. Je ne sais pas trop si je devais pleurer ou m'en réjouir, peut-être un peu des deux. J'avais aussi été amenée avec les secours qui avaient été vraiment inquiets de mon état avant de se rendre compte que la majorité du sang qui me recouvrait ne m'appartenait pas. Les semaines qui suivirent restent assez flous dans ma mémoire, comme si je la voyais à travers les yeux de quelqu'un d'autre. Au début je ne parlais pas, et les médecins mirent cela sur le compte d'un état de choc, puis lorsque je réussis enfin à prononcer quelques mots j'eus la visite de la police qui voulait quelques précisions sur ce qu'il s'était passé, autres que celles fournies par l'hystérique qui les avait accueillis dans l'appartement. Je leur dis tout ce dont je me rappelais sans dévoiler l'entière vérité en ce qui concernait l'instant de la mort. Ils ne pouvaient pas comprendre, ils m'auraient pris pour une folle seulement. Ils dirent que c'était bon, je n'aurais pas à comparaitre devant un juge puisque c'était un cas de légitime défense avérée, les marques sur mon corps le prouvaient amplement. Il fut alors décidé que je serais placé dans un orphelinat, qui faisait aussi office de pension. Lors de ma sortie de l'hôpital nous passâmes à l'appartement récupérer le peu d'affaires qui m'appartenaient puis je fus emmener immédiatement dans le nouvel endroit où j'allais vivre, sans même m'offrir l'occasion de parler avec qui que ce soit.




La vie ne sera plus jamais pareille


Cet endroit n'était pas extraordinaire, en fait il s'agissait d'un bâtiment assez vieillot, mais vraiment immense. Il n'était pas mixte, donc que des filles à l'intérieur, et cela allait de la primaire au lycée. Nous dormions dans de grands dortoirs, et bien sûr les douches étaient communes, tout était réglé à l'heure prêt en fonction de nos âges. Une prison à mes yeux. C'était une pimbêche d'approximativement mon âge, la grande blonde stéréotype, qui faisait la loi en ces lieux, étant la favorite de la directrice, mademoiselle Pincent, qui n'avait de mademoiselle que son titre. Je préférais quant à moi paraître invisible aux yeux de tous, bien que les méthodes de Sharon m'horripilaient au plus haut point, je ne désirais pas avoir d'ennui. J'avais déjà bien assez de problèmes ailleurs, en effet, après la mort de mon père les cauchemars étaient totalement revenus, je ne pouvais plus fermer l'œil de la nuit de nouveau. J'avais l'impression d'être revenue en arrière à cette époque où je n'avais aucun contrôle sur rien. Mon état empirait peu à peu, et c'est lors d'une énième ''visite'' à l'infirmerie que j'avouais qu'il s'agissait d'une seconde fois, d'une rechute. Je parlais alors de la maison de somnolence qui m'avait guérie. Ils n'hésitèrent pas longtemps avant de me payer cette consultation, car j'empêchais les autres pensionnaires de dormir. Tout ce déroula exactement comme la première fois, sauf que là j'étais accompagnée d'une des membres du personnel de l'orphelinat, et non de mon père... Quelques jours plus tard tout était redevenu à la normal dans ces lieux. Je dormais plus paisiblement que jamais, ne dérangeant plus les autres au milieu de la nuit, mais je me rendis compte d'autre chose aussi : mes pouvoirs étaient revenus. En fait je n'avais pas vraiment remarqué qu'ils n'étaient plus là, j'avais eu d'autres sujets de préoccupation, ce ne fut que quand je pus ressentir de nouveau les émotions des autres que je compris que quelque chose avait manqué. Les jours s'écoulèrent, tranquilles, plus qu'ils ne l'avaient été depuis longtemps. Je n'étais pas triste de la mort de mon père, comment aurais-je pu l'être ? Par contre je me sentais mal à l'idée d'avoir tué quelqu'un, qui que ce soit. Je sentais encore le sang tiède couler le long de mon visage, la sensation de mourir si présente, je savais exactement ce qu'il avait ressenti avant de mourir et cette pensée me faisait frémir. Le mieux était de faire comme si de rien n'était, d'oublier, même si c'était impossible. Personne en tout cas ne semblait au courant de cet ''incident''. En ce qui concernait les cours je restais bonne élève, malgré le peu d'efforts que j'avais fait les années précédentes. Toutefois ce qui agaçait mes professeurs était ma manie de toujours me comporter de manière insolente, il est vrai que je répondais sans problème à mes enseignants, ce qu'ils n'appréciaient guère, mais la plupart du temps il me passaient un petit écart de conduite tant que je faisais mes devoirs et gardais le niveau. En quelques mois je me liai d'amitié avec Lesly, d'un an mon aînée qui dormait sur le lit juste à côté de moi chaque soir. Je crois que chacune cherchait un peu de réconfort auprès de quelqu'un d'autre. Elle ne me raconta pas son passé et je ne lui racontai pas le mien, nous n'avions pas besoin de cela, nous pouvions très bien accepter l'autre comme elle était actuellement sans juger sur des faits révolus, et heureusement pour moi...

Un jour que nous étions en train de nous promener dans les couloirs pendant une pause et que nous plaisantions sur un sujet dont je ne me rappelle plus, nous entendîmes des pleurs. Nous n'eûmes pas besoin de nous concerter du regard pour chercher de qui ils venaient. Je sentais une grande tristesse, un objet perdu, qui nous manque. Nous dénichâmes Emilia, l'une des plus jeunes fillettes, accroupie dans l'escalier. Je m'approchai d'elle et m'assis sur la marche du dessous, Lesly à côté de moi. Je lui parlai d'une voix douce pour attirer son attention.


    « Emilia, Emilia... Qu'est-ce qu'il y a ? »


Elle leva vers moi ses yeux rougies, puis s'avança pour se jeter dans mes bras, en larmes. Je la tins contre moi, lorsque soudain une image apparut dans mon esprit me faisant sursauter, celle d'un petit lapin en peluche avec de longues oreilles et une tache sur l'une de ses pattes. Je baissai mes yeux vers la petite et murmurai :


    « C'est ta peluche c'est ça ? Tu l'as perdue ? »


Elle s'éloigna de moi ses mains s'appuyant sur mes épaules et fit un signe de dénégation de la tête. Je fronçai les sourcils tout en attendant qu'elle parle, mais rien ne semblait venir. Ce fut mon amie qui reprit la parole :


    « Alors qu'est-ce qu'il y a ? Tu l'as oublié quelque part? »


Nouveau signe négatif de la tête, puis elle reporta son attention sur moi se blottissant de nouveau entre mes bras en pleurant. Une autre image apparut dans ma tête alors qu'elle faisait ce mouvement et cette fois je ne bronchai pas. Je voyais Sharon et sa bande, avec la peluche.


    « C'est Sharon n'est-ce pas ? Elle t'a pris ton lapin ? »


Le redoublement de sanglots fut suffisant pour me faire comprendre que c'était bien le cas. Celle-là c'était bien un cas ! Je baissai les yeux et passai mes doigts dans la longue chevelure d'Emilia en un geste tendre. Elle semblait si fragile à pleurer ainsi, si vulnérable, j'aurais tellement voulu qu'elle aille mieux, qu'elle arrête d'être triste, je le désirais si fort.... Soudain la fillette s'écarta de moi et me regarda comme si elle était surprise par quelque chose. Ses larmes ne coulaient plus.


    « Qu'y a-t-il ?
    -Je sais pas... Je ne suis plus triste, ça s'est envolé, pouf d'un coup. »


Mes yeux s'agrandirent d'étonnement et lorsque Lesly m'interrogea du regard je lui répondis par un haussement d'épaule. Je n'avais jamais fait cela avant, ce n'était pas possible... Et pourtant c'était ce que j'avais voulu non ? Je regardai la fillette pensive, peu importe si à présent elle allait mieux, lorsque ce truc s'arrêterait ses pleurs reviendraient. Je me redressai et elle eut un léger gémissement, s'accrochant à ma manche. Je lui offris un grand sourire en déclarant :


    « Nous allons chercher ta peluche, tu l'auras de nouveau. »


Elle parut hésiter un instant mais finalement me lacha en hochant la tête le visage sérieux, c'était comme si je venais de faire une promesse d'une importance capitale. Peut-être que d'un certain côté c'était le cas pour elle. Lesly s'était éloignée un peu et je la rattrapai, jetant un coup d'œil par dessus mon épaule pour voir que l'enfant nous fixait toujours. Une fois que je l'eus rejointe elle se remit à marcher à grandes enjambées et je sentais bien qu'elle était contrariée. Je devais presque courir pour rester à sa hauteur, car la jeune fille était plus grande que moi donc ses pas étaient plus grands. Je lui saisis le bras pour l'obliger à me voir, elle s'arrêta brusquement et je stoppai à ses côtés. Elle se tourna vers moi et un mélange de colère et de peur me frappa de plein fouet, me faisant presque perdre l'équilibre avant que je ne parvienne à remettre en place mes barrières mentales.


    « Quoi ?
    -Quoi quoi ? Tu viens de dire à Emilia que nous allions lui ramener sa peluche !
    - Et ?
    , je haussai les épaules, les yeux remplis d'une fausse incompréhension.
    -Ambre ! Sharon, tu vois de qui je parle, ça percute là haut ?!
    , elle se retenait à grande peine de me secouer, posant tout de même ses mains sur mes épaules.
    -C'est bon je ne suis pas débile non plus !
    , je me dégageai de ses bras et recommençai à marcher, Lesly sur mes talons.
    -Et bien on dirait ! Je te r
    appelle que si tu ne veux pas d'ennui tu ne te préoccupe pas des affaires de cette fille.
    -Ce qu'elle a fait n'est pas acceptable.
    -Tu serais prête à te retrouver face à la sorcière qui nous sert de directrice seulement pour un lapin ridicule ? Franchement crois-moi tu ne veux pas embêter Sharon et sa clique.
    -Pour Emilia ce lapin n'est pas ridicule ! Je ne veux pas les embêter, seulement leur parler.
    , c'était à moi de m'arrêter pour lui faire face, ce qui était assez ridicule vu notre différence de taille.
    -Tu es folle.
    -Ecoute si tu ne veux pas venir ne viens pas, je ne t'oblige en rien.
    -Tu sais bien que je viendrai...
    -Et puis Sharon n'ose pas trop s'en prendre à toi : tu es plus âgée qu'elle.
    -Mouais... »


Son ton sceptique ne me dissuada pas pour autant. J'avais fait une promesse à une petite fille et il était hors de question de revenir sur ma parole. Nous n'eûmes qu'à demander à deux personnes avant de trouver la cause de notre problème : elle était tranquillement occupée à rire avec ses amies, tenant la peluche au bout de ses doigts. Lesly parut hésiter une seconde à côté de moi, mais personnellement je continuai à marcher de la même enjambée avant de m'arrêter à quelques pas d'elles, je tentais de ne pas avoir une attitude belliqueuse, reconnaissant que ce n'était pas en les engueulant que j'aurais ce que je désirais. Au début elles firent comme si elles ne m'avaient pas vu, mais voyant que j'insistais Sharon tourna la tête vers moi, avec une lenteur délibérée.


    « Oui ? T'as un problème ? »


Son ton hautain me donna des frissons de rage mais je me contrôlai, je savais comment le faire depuis longtemps. Je lui offris un grand sourire calme alors que je mourrais d'envie de la baffer et parlai sur un ton enjoué :


    « Bonjour. J'ai appris que tu avais pris le lapin d'Emilia, ne pourrais-tu pas le lui rendre, s'il te plait ? »


Pour ces quelques mots j'avais dû faire un effort prodigieux. Elle me regarda de haut en bas, comme on regarde une saleté qui nous embêterait, je gardai un sourire impassible alors qu'elle se remettait à parler :


    « Hors de question. Ce n'est qu'un gros bébé qui m'agace avec sa peluche d'amoumouuur. »


Rien que son ton et son visage me donnait envie de l'envoyer balader. J'arrêtai le sourire, cette manière ne marcherait pas. Je plantai mon regard dans le sien et posai mes mains sur mes hanches dans une attitude ouvertement en opposition avec elle.


    « Emilia n'est qu'une enfant qui vient de perdre ses parents. Une enfant ! On ne fait pas ce genre de chose à une fillette !
    -D'accord maman. »


Elle éclata de rire et sa clique aussi, je crois que je me serais jetée sur elle si Lesly n'avait pas posé sa main sur mon coude à ce moment-là. Les bagarres étaient interdites dans l'enceinte de l'établissement. Je respirai profondément afin de me calmer. A présent je sentais que l'ennui de Sharon s'était transformé en rage, elle était en colère ? Tant mieux, comme ça nous étions deux.


    « Et tu ne te sens pas trop infantile de t'attaquer à des momes ayant la moitié de ton âge avec l'aide de tes petites copines, je présume ?
    -Pardon ?!
    -Tu es exécrable !
    -Ose le répéter !
    -Tu veux savoir ce que ressent Emilia en ce moment ?!
    -Qui ? Cette sale gamine qui n'arrête pas de geindre ?
    -La seule gamine que je vois geindre ici c'est toi ! »


Je tendis la main avant qu'elle ne puisse réagir et attrapai la peluche, avant de la lancer vers Lesly. Sharon tendit les mains vers moi, peut-être dans l'intention de me griffer mais je me rejetai en arrière par réflexe, elle était bien plus lente que les enfants de rue. Cependant ses doigts crochèrent mon collier et je sentis la chaine céder. Elle se retrouva alors le médaillon dans les mains, me regardant quelques secondes sans comprendre. Je voulus le lui reprendre mais cette fois elle s'y attendait et recula en même temps, refermant son poing sur mon précieux bijou.


    « Rend-moi ça tout de suite, persiflai-je
    -Ah oui ? Et sinon ?
    -Sinon tu vas regretter de te l'être jouée maîtresse du monde.
    -Et ben vas-y, viens ! »


De nouveau les doigts de Lesly s'appuyèrent sur mon épaule. Je tournai le regard vers elle, elle ne comprenait pas ce que cet objet représentait pour moi, elle ne savait pas. J'étais toujours tournée vers elle quand le rire insupportable de la grande blonde résonna.


    « Bein alors Amounette, on est triste de plus avoir son joujou ? C'est vraiment de la merde ce truc, je pense que je vais le jeter dans les toilettes. »


Son rire n'eut pas le temps de se poursuivre bien longtemps. Je me dégageais de l'emprise de mon amie en faisant un volte-face qui me surprit moi-même et j'envoyai mon poing dans sa figure la faisant tomber à la renverse. Elle me regarda clignant des yeux, sans comprendre ce qu'il venait de lui arriver. Avant qu'elle ne reprenne ses esprits je récupérai le pendentif remarquant avec soulagement qu'il y avait juste un anneau de la chaine qui s'était ouvert, rien d'irrémédiable. Je me redressai, le serrant dans mon poing. Et là je me tétanisai avant de me tourner très lentement vers la gauche sachant exactement qui se trouvait là : mademoiselle Pincent. Je ne l'avais pas vu arriver mais maintenant je sentais très nettement sa rage, et elle était tout entière dirigée vers moi. Quel honneur... Ou horreur, c'était une femme immense et taillée comme une armoire à glace, pas le genre avec qui on souhaiterait faire la causette. Je baissai les yeux, il ne faut jamais regarder un prédateur dans les yeux, c'est perçu comme un défi. Sa voix rauque d'avoir trop fumée emplit alors le couloir.


    « Pourrais-je savoir ce qu'il se passe ici ?!
    -C'est elle, c'est elle !! »


Sharon pointait son doigt vers moi en criant, et soudain elle se mit à pleurer. J'étais certaine que si la directrice n'était pas arrivée elle n'aurait pas pleuré, par fierté. Mais là ses larmes lui servaient. Alors que la femme se tournai vers moi suspicieuse, je vis du coin de l'œil la pimbêche esquisser un sourire plein de hargne.


    « Et donc mademoiselle Blake, puis-je savoir ce que me vaut ce raffut ?
    -Elle m'a frappée ! Demandez-leur !
    -Elle a volé la peluche d'Emilia ! »


Cependant mes paroles passèrent inaperçues alors que toutes ses copines commençaient à m'enfoncer d'avantage.


    « Siiiiiileeeeence !!! Sharon ! Ambre ! vous allez m'accompagner dans mon bureau, vous allez me raconter ce qu'il s'est passé exactement, et j'aviserai à ce moment-là. Allez venez et je veux le calme le plus complet. »


Face à un tel ordre il était hors de question de discuter de toute manière, en passant à côté de Lesly je lui remis le collier avec un regard entendu. Il était arrivé que des objets soient confisqués pour moins que ça et je n'y tenais vraiment pas. Nous la suivîmes sans un bruit, moi la tête basse, Sharon avec le grand sourire de celle qui sait qu'elle va s'en tirer à bon compte quoiqu'il arrive. Que je la haïssais en cet instant. L'entrevue ne dura pas bien longtemps : Sharon débita tout son point de vue sur l'histoire et c'eût l'air de s'arrêter là, je ne fus même pas interrogée, mais peu importe. Je savais déjà à quoi m'attendre si je m'en prenais à elle, de plus elle avait complètement zappé de parler du collier, donc tant qu'il n'y avait que ça ça allait. Nous fumes invitées à retourner dans nos dortoirs puisque c'était l'heure du couvre-feu, sans oublier bien sûr que je reçoive une sanction pour avoir frappé une autre pensionnaire, surtout une aussi ''adorable, gentille et serviable que cette jeune fille''.

En retournant au dortoir je trouvai Lesly assise sur mon lit, je la rejoignis en soupirant. Elle tenait entre ses mains le médaillon ouvert et sourit quand elle me vit. Puisqu'elle n'avait plus la peluche j'en concluais qu'elle l'avait rendue à Emilia.


    « Alors ?
    -Alors comme on pouvait s'y attendre, je me retrouve avec des travaux d'intérêt généraux pour au moins le restant de mes jours... Et s'il te plait évite-moi un truc du style : je t'avais prévenu. »


Elle hocha la tête avec un grand sourire et je ne pus m'empêcher de sourire à mon tour. Bon d'accord j'avais été punie, mais ça avait fait un bien fou que quelqu'un la remette enfin à sa place. Cela ne changerait sûrement rien, mais au moins j'avais pu passer un peu mes nerfs sur elle. Je repensai à ce que j'avais fait, lorsque j'entendis la voix de mon amie.


    « Mmm, pardon, tu disais ?
    -Pourquoi compte-il autant pour toi ? »


Je relevai les yeux et vis qu'elle tenait la chaine entre ses doigts devant mon nez, je tendis la main pour récupérer mon bien, puis regarder nos photos à l'intérieur.


    « C'est la seule chose qu'il me reste d'une personne qui représentait tout ou quasiment tout pour moi quand j'étais enfant...
    -C'était ton meilleur ami ? Un petit copain ? »


Elle avait dit ça d'un ton légèrement taquin et je relevai la tête pour voir cette malice dans ses yeux. Un large sourire illumina mon visage.


    « C'était encore plus Lesly, bien plus... C'était mon meilleur ami, mon confident, mon protecteur, mon héros... C'était... C'est mon frère.... »


Ma voix avait fini en un murmure alors que mon regard revenait sur ces deux petites frimousses. J'avais les larmes aux yeux comme à chaque fois que je repensais à lui, à ce qu'aurait pu être notre vie si seulement nous avions eu un peu plus de chance. La main de Lesly entoura la mienne mais je gardai les yeux baissés pour ne pas lui faire voir que j'étais sur le point de pleurer.


    « Où est-il à présent ?
    -Je... Je l'ignore, avec notre mère sûrement...
    -Je ne comprends pas.
    -Si tu savais.... Moi non plus je ne comprends pas, je n'ai jamais compris.... »


Je pleurai alors, me penchant contre elle. Elle me prit dans ses bras et se tut à présent, et je ne parlai pas plus, laissant les larmes couler librement le long de mes joues, les doigts refermés autour du médaillon que m'avait offert mon frère ainé. Nous nous lâchâmes seulement quand la surveillante passa entre les lits pour nous ordonner de nous coucher.

Ce fut le seul élément qui marqua réellement mes années à l'orphelinat. Les autres jours étant tous semblables aux précédents. La seule chose qui changea fut que je confiai une part de mon passé à Lesly et qu'elle en fit de même. J'appris ainsi que ses parents étaient morts dans un accident de voiture il y a deux ans de cela et que depuis elle vivait ici dans l'attente de ses dix-huit ans pour pouvoir s'échapper de cet endroit. Age qu'elle ne tarda pas à atteindre. Elle avait un an de plus que moi et était née au début de l'année. Elle partit alors, je sais que si elle avait pu elle m'aurait prise avec elle, mais voilà, nous n'avions aucun lien familiaux, et elle était trop jeune et dans une situation trop précaire pour me prendre à charge. Je me retrouvai donc de nouveau seule dans cet espace innacueillant. Au moins depuis la dispute avec Sharon elle ne m'importunait plus directement, elle avait peut-être obtenu gain de cause, mais elle s'était aussi retrouvée avec une beau bleu sur la mâchoire pendant quelques semaines. On ne vient pas demander des coups juste pour le plaisir de voir quelqu'un trimer. J'atteignis mes 17 ans avec une seule pensée en tête : plus qu'une année à vivre ici. Je ne savais pas que mon destin se retrouverait de nouveau chamboulé. J'allai retrouver l'être qui était le plus cher à mon cœur, et j'espérai définitivement cette fois-ci.





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Ambre S. Blake

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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} Icon_minitimeLun 30 Mai - 17:58

test rp



Un jour si semblable et si différent des autres. Comment penser que ma vie allait encore prendre un tournant différent aujourd'hui ? J'avais déjà connu tellement de choses, les meilleures, celles que j'avais perdues, les pires, auxquelles j'avais survécues. Je n'aspirais qu'à une petite vie tranquille banale, si tant est que la vie puisse être ces choses-là. A chaque fois que j'avais cru que mon existence se stabilisait il y avait quelque chose qui venait briser ce calme, un élément perturbateur. J'avais l'impression que depuis le début je n'avais fait que d'aller de pire en pire quand est-ce que cela cesserait ? J'aurais voulu m'endormir là et me réveiller auprès de ma famille, celle que j'avais avant, et pas ce pseudo souvenir qui ne faisait que rendre la vie plus cruelle encore. Peut-être était-ce égoïste, après tout il existe tant de personnes bien plus malheureuses que vous, mais si les mots peuvent tromper les sentiments eux ne le peuvent, et j'étais bien placée pour le savoir : les émotions des autres n'ont pas de secret pour moi, même si en règle générale je préfère ne pas y prêter attention, de toute façon ce don, ou malédiction, voyez-le comme il vous chante ne m'a jamais été d'une grande utilité, il m'aurait apporté plus d'ennui qu'autre chose même. Donc ce jour-là ma vie allait de nouveau changer...

J'étais allongée sur mon lit, un livre ouvert sur l'oreiller, il s'agissait du Roman Inachevé d'Aragon, un recueil de poésies, pas que j'aime particulièrement ça, mais ici on ne fournissait que des livres de la littérature français. Vu qu'il n'y en avait pas une quantité astronomique je les avais presque tous terminés, parce que mon plaisir de lire dépassait le fait que ce ne soit pas mon style de lecture. Mon attention n'était pas vraiment dirigée vers le livre, mais plutôt vers le groupe de filles un peu plus loin qui jouait aux cartes bruyamment. C'était la pause de l'après-midi, et là ça ne dérangeait pas encore que l'on puisse faire du bruit. Je les regardais tandis qu'elles riaient alors que le jeu arrivait à sa fin, peut-être aurais-je aimé me joindre à elle, mais la seule amie que j'avais eu été partie depuis un an, et depuis j'étais seule et la plupart du temps cela me convenait. Une des surveillantes arriva et le silence se fit, on ne parle pas quand il y a un membre du personnel le silence est d'or. Elle s'avança un peu et demanda :


    « Ambre Blake ? »


Beaucoup de regards se tournèrent vers moi alors je fixais la femme, un étonnement non feint dans les prunelles. Avais-je fait une bêtise dont je ne me rappelais pas et qui me valait d'être ainsi convoquée ?


    « Oui ? C'est moi. »


Elle braqua ses yeux sur moi et me fit un signe de la main, je devais la suivre. Je me levai rapidement puis me glissai entre mes camarades de dortoir silencieuses et étrangement calmes. Jamais ce genre de chose ne se passait sauf quand on avait fait quelque chose qui avait gravement déplu à mademoiselle Pincent, et j'avais beau me creuser la tête je en voyais pas de quoi il pouvait s'agir. La surveillante ne me donna pas plus d'indication puisqu'elle resta silencieuse durant tout le trajet, se contentant de m'amener au bureau de la directrice. La elle s'arrêta et toqua deux coups à la porte, la voix d'une femme retentissant derrière la porte :


    « Allez faites-la rentrer ! »


Elle ouvrit la porte et s'écarta, me laissant l'espace vide. J'avançai dans la pièce... Et mon souffle se coupa. Pas à cause du bureau, il était le même depuis la première fois où j'étais venue : légèrement poussiéreux sans aucune décoration, le rendant très impersonnel. Ce n'était pas non plus mademoiselle Pincent, toujours aussi grande, aussi forte, aussi vieille. Non ce qui attirait mon regard sans que je puisse m'en détacher était un jeune homme, la vingtaine, qui possédait les deux plus beaux yeux du monde. Ma main remonta jusqu'à ma gorge puis glissa sur la chaine s'y trouvant jusqu'à un médaillon or et cuivre, je refermai mon poing dessus en continuant de fixer l'éphèbe. A l'intérieur se trouvait une photo de lui en plus jeune, sept ans de moins exactement. Une photo que j'avais portée nuit et jour sans même espéré revoir ce visage, ces lèvres, ces yeux... Cet homme a qui j'avais été arrachée alors que nous n'étions que des gamins. Un murmure, un seul s'échappa de mes lèvres, porteur de tant d'espoir, de tant d'émerveillement, de tant d'amour que c'en était douloureux :


    « Aaron... »


Mon souffle revint alors que je prononçais le prénom de celui qui représentait tout à mes yeux : mon frère.




derrière l'écran


Pseudo : Comme vous voulez, Laetitia, Reine des kinders, Dieu, Parfaite, tout me va XD
Comment avez vous connu le forum : Je me suis faite harceler par msn par un certain Sammix, personne ne voit qui c'est ?
Votre avis sur le forum : Je.... Bon voilà j'allais dire encore une connerie, on me pardonnera. Je dis bravo à Araena pour le header **, bravo à Pepper pour son imagination, et bravo aux modos pour réussir à les supporter !!! *est déjà très très très loin* Pas taper pas taper !
Autre chose à dire : Je vous adore déjà tous !
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Pepper Chester

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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} Icon_minitimeLun 30 Mai - 18:30

Je ne vois pas qui a pu te harceler franchement !
Et par rapport à moi, tu es une gamine, j'en suis désolé ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 4153036487
J'espère que tu t"amuses bien parmi nous en tout cas !!
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Ambre S. Blake

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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} Icon_minitimeLun 30 Mai - 18:34

Non mais c'était du harcèlement positif ! (en plus je crois que c'est le contraire mais bon *hausse les épaules*)
Bon d'accord, seulement par rapport à toi et si tu arrêtes d'utiliser ce smiley débil pour me figurer !
Viii **, je m'amuse bien !
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Megan Weaver

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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} Icon_minitimeJeu 2 Juin - 11:13

Bienvenue Ambre chéri ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3735273599
Hâte de lire ta fiche ma belle Smile
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Ambre S. Blake

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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} Icon_minitimeJeu 2 Juin - 17:56

Merci ma Megan ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 4095298995
Elle est en cours d'écriture ^^
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Aaron Blake

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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} Icon_minitimeVen 3 Juin - 8:38

~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} Sansre5vw

Bienvenue parmi nous ma sister !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! ! ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 380032974
Bonne chance pour ta fiche, j'ai hâte de lire tout ça ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3968063248
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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} Icon_minitimeVen 3 Juin - 8:42

*intense réflexion*
Je te frappe pour tout le temps que tu as mis ou je t'embrasse pour l'avoir fait quand même ?
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Aaron Blake

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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} Icon_minitimeVen 3 Juin - 11:26

Tu m'embrasses ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 4153036487 ( Comme Pepper, je l'aime beaucoup ce smiley ^^)
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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} Icon_minitimeVen 3 Juin - 11:43

*lui met une baffe*
T'aurais mieux fait de t'abstenir idiot !
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Aaron Blake

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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} Icon_minitimeVen 17 Juin - 11:24

~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918 ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918 ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918 ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918 ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918 ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918 ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918 ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918 ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918 ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918 ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918 ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918 ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918 ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918 ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918 ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918 ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918 ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918 ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918 ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918

J'ai fini de lire, on en parlera entre nous Wink Mais je pense que tu te doutes que j'ai aimé ton histoire ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3968063248
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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} Icon_minitimeVen 17 Juin - 12:31

~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918 ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918 Tant mieux si ça t'a plus ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918 ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918
Oui en parlera ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 4095298995
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Pepper Chester

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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} Icon_minitimeVen 17 Juin - 23:09

Analyse


Pouvoir : Ok

Descriptions : Ok

Histoire : C'est long lol, mais j'ai adoré, une vie assez triste mais pleine d'espoir finalement si on lit entre les lignes.

Test Rp : Les retrouvailles ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} 3226660918



Bilan



Je n'ai absolument rien à redire à tous ça, j'ai beaucoup aimé, même si c'est assez long, cela se lit vraiment facilement, je te valide donc en tant que Power Experienced Wink


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MessageSujet: Re: ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} ~¤* The life is worth nothing but nothing beats life *¤~ {Fiche Validée} Icon_minitime

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